La Corée du Sud demandera de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité et ripostera immédiatement par elle-même à toute future attaque de sa part, en réponse au naufrage de sa corvette Cheonan par un tir de torpille nord-coréen. Haussant le ton, le président sud-coréen Lee Myung-Bak a affirmé, à son tour hier, «faire payer le prix à la Corée du Nord», lors d'une allocution télévisée et que Séoul mettra fin à ses relations commerciales et empêchera les navires marchands nord-coréens d'emprunter les couloirs de navigation du Sud. Vendredi dernier, son ministre de la Défense, Kim Tae-Young, avait affirmé que Séoul «ferait payer» à Pyongyang le naufrage de la corvette, qui a fait 46 morts. La veille, une enquête internationale sur la cause du naufrage de la corvette de 1 200 tonnes, qui a coulé le 26 mars au large de l'île de Baengnyeong, près de la frontière maritime avec la Corée du Nord, avait conclu à un tir de torpille par un sous-marin nord-coréen. La Corée du Nord, pour sa part, avait accusé Séoul d'avoir «fabriqué» des preuves et affirmé que les deux pays étaient désormais «proches de la guerre». Usant d'un ton menaçant, M. Lee a surtout menacé le Nord d'une réponse militaire immédiate en cas de nouvelle agression. «Désormais, la Corée [du Sud] ne tolérera aucun acte de provocation du Nord et maintiendra le principe de dissuasion proactive», a déclaré le Président. «Si nos eaux territoriales, notre espace aérien ou notre sol sont violés, nous ferons immédiatement usage de notre droit d'autodéfense», a-t-il mis en garde. Pyongyang a toujours démenti toute implication dans l'une des pires attaques contre le Sud depuis la mort en 1987 de 115 personnes après un attentat contre un Boeing de la Korean Airlines, attribué à des agents nord-coréens. Dans un discours au ton très ferme et solennel, M. Lee a également annoncé un renforcement «drastique» des moyens de défense sud-coréens. Le Président a estimé que, par le passé, le Sud avait toléré la «brutalité» du Nord, citant un attentat à la bombe en Birmanie visant le président sud-coréen et un autre contre un Boeing de la Korean Airlines en 1987.«Mais désormais les choses ont changé. La Corée du Nord va payer le prix à la hauteur de ses actes de provocation», a-t-il promis. Il a également exigé des excuses immédiates à Pyongyang et demandé que les responsables de l'attaque soient punis. Le ministre de la Défense, Kim Tae-Young, a annoncé que les marines sud-coréennes et américaines mèneraient prochainement un exercice commun au large de la côte occidentale.Les Etats-Unis, par la voix de son président Barak Obama, a accordé son plein soutien à ses alliés du Sud, en affirmant que «les sanctions sud-coréennes étaient totalement appropriées». Les autres puissances avaient fermement condamné l'attaque nord-coréenne. Seul Pékin avait accueilli les résultats de l'enquête avec froideur, et a réclamé davantage de preuves avant de condamner son voisin et allié du Nord. A l'ouverture du «Dialogue stratégique et économique» sino-américain, hier, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a souhaité que la Chine et les Etats-Unis «travaillent ensemble» pour régler la crise dans la péninsule coréenne. «La Corée du Nord est un sujet de préoccupation urgent», a dit Mme Clinton. Selon des analystes sud-coréens, les tensions devraient être vives entre les deux Corées pour de nombreux mois, mais tout conflit majeur semble peu probable. G. H.