Les négociations sur la réunification de Chypre ont repris hier à Nicosie, réunissant pour la première fois le président chypriote-grec Demetris Christofias et le nouveau dirigeant chypriote-turc, le nationaliste Dervis Eroglu. Les pourparlers avaient été suspendus fin mars avant l'élection «présidentielle» en République turque de Chypre-Nord (RTCN, entité reconnue uniquement par Ankara) qui a vu la victoire de M. Eroglu le 18 avril. Ce dernier a succédé à Mehmet Ali Talat, qui, en septembre 2008, avait relancé avec M. Christofias et sous l'égide de l'ONU les pourparlers en vue de la réunification de l'île divisée depuis 1974. Cette première rencontre devrait servir d'indicateur sur la possibilité pour MM. Christofias et Eroglu de s'entendre. Pour briser la glace, l'ONU a organisé mardi soir un dîner pour les deux dirigeants et leurs épouses dans un restaurant de Nicosie situé dans le no man's land de la capitale. Les Chypriotes-grecs craignent que les idées nationalistes du nouveau dirigeant chypriote-turc ne constituent un obstacle à la recherche d'une solution. L'ONU a assuré toutefois que les négociations reprendraient exactement là où elles s'étaient arrêtées le 30 mars et que M. Eroglu s'était engagé à poursuivre le processus. D'après l'émissaire de l'ONU Alexander Downer, le dirigeant chypriote-turc a accepté le fait que les négociations ne repartiraient pas de zéro et que la solution comprendrait le principe d'une Chypre fédérale et réunifiée, dotée d'une personnalité internationale unique. M. Eroglu a promis de ne pas rouvrir les dossiers sur lesquels les points de vue ont été considérablement rapprochés tels que la gouvernance, le partage du pouvoir, les questions européennes et l'économie. Des sujets très épineux, tels que le droit de propriété, les ajustements territoriaux et la sécurité restent toutefois à discuter.