Quand le monde du sport croise celui de la littérature, l'enthousiasme le plus inattendu peut prendre place, laissant les jeux de mots et les subtilités culturelles remplacer l'euphorie et la dépense physique. Deux mondes qui s'opposent mais que l'Ile lettrée, café littéraire de la librairie Mille feuilles à Alger, a réuni dans l'après-midi de jeudi dernier, autour d'un auteur prolifique, Kamel Bouchama, écrivain qui a su allier responsabilités politiques notamment en tant qu'ambassadeur et ministre et besoin inextinguible d'apporter sa petite touche à la production culturelle algérienne à travers 17 publications à son actif. Il était l'invité de l'association l'Amicale du handball qui a tenu à rendre hommage à son ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, elle-même présidée par un autre ancien ministre des Sports, Aziz Derouas qui a d'ailleurs animé la rencontre. Les Algériens de Bilâd ec-shâm, de Sidi Boumediene à l'Emir Abdelkader, titre du dernier ouvrage de Kamel Bouchama présenté lors de la rencontre. L'histoire a donc été le troisième élément enrichissant de ce café littéraire, qui a permis de mener à un débat passionné sur des époques lointaines. En présentant sa dernière parution, l'auteur dira qu'à travers ce livre historique il a voulu «jeter la lumière sur des événements et des faits qui sont inconnus». Il citera même les célèbres mots d'Ibn Khaldoun : «L'Histoire n'est pas seulement le récit des événements passés. Elle consiste à méditer et accéder à la vérité. Le pourquoi et le comment des événements.» C'est dans cette démarche historique que s'inscrit l'auteur qui, après un travail de recherche et de documentation s'étalant sur la période du XIIe siècle au XXe, s'intéressera au phénomène d'émigration des Algériens de l'époque, partis combattre pour l'islam par solidarité avec leurs frères arabes. Ainsi, par cette démarche, il explique vouloir mettre en exergue «des moments précieux de l'histoire, dévoiler des richesses à soumettre à ces jeunes qui ont perdu confiance, que nous avons écartés de nos calculs». C'est aussi pour rappeler un passé glorieux donnant à voir un peuple berbère qui dément «l'image de barbarie qu'on lui associe souvent». L'auteur, devant un auditoire captivé, expliquera le «souci de s'extraire à la désinformation sur nos origines entretenue par des imposteurs qui profite du vide culturel pour miner le pays». C'est ce même vide que Kamel Bouchama se propose de remplir par ce travail historique, effectué après des documentations ardues, des recoupements et des déductions intelligentes, dira-t-il. Un travail, que tous les curieux auraient pu un tant soit peu découvrir à l'Ile lettrée, jeudi dernier, et qui peuvent à défaut consulter dès à présent dans son ouvrage, Les Algériens de Bilâd ec-shâm, de Sidi Boumediene à l'Emir Abdelkader (1187-1911) paru aux éditions Juba. F. B.