Photo : Riad De notre envoyé spécial à Nice (France) Lyes Menacer Le président de la République est arrivé hier, à Nice (France), au milieu de l'après-midi, pour prendre part à la 25e édition du sommet Afrique-France. Sa présence à cette rencontre était très attendue, notamment par la partie française et ses médias, vu l'évolution houleuse des relations algéro-françaises depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat, il y a trois ans. Il est prévu qu'il prononce trois discours lors de chacune des rencontres qui auront lieu à huis clos, dont celle de l'ouverture du sommet qui se déroulera cet après-midi au palais des Congrès de Nice. L'ouverture du sommet sera présidée par le président français Nicolas Sarkozy. Il sera secondé par son homologue égyptien Hosni Moubarak, étant donné que ce sommet devait se dérouler à Charm El Cheikh, en Egypte, en février dernier. Il a été reporté suite à de dures tractations avec l'Elysée qui avait estimé indésirable la présence du président soudanais Omar El Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, et aussi du chef de l'Etat zimbabwéen Robert Mugabe, en disgrâce sur le plan international à cause de sa politique interne. Mais la participation de Abdelaziz Bouteflika s'inscrit au-delà des relations algéro-françaises. L'Algérie a regagné, sur le plan continental et international, la place qui lui sied et qui fait d'elle aujourd'hui un partenaire de premier ordre lorsqu'il s'agit de discuter de l'avenir de l'Afrique. Le travail de sa diplomatie, notamment au niveau de l'Union africaine, l'a propulsée au premier rang. Car personne ne peut ignorer les efforts consentis par le président algérien pour résoudre le conflit armé entre l'Erythrée et son voisin éthiopien (1998-2000), dans le cadre de l'Union africaine, pour ne citer que ce cas. C'est également pour son rôle actif dans le lancement et la mise en œuvre du Nepad (Nouvelle initiative pour le développement en Afrique) que la participation de Abdelaziz Bouteflika à Nice devient quasi incontournable. Le sommet de Nice aura, en fait, pour ordre du jour la paix, la sécurité et le développement en Afrique. La France, dont les investissements directs sur le continent noir ne représentent aujourd'hui que 2,9% des investissements étrangers en Afrique, veut donc reconquérir le terrain perdu devant les Etats-Unis et les puissances économiques émergentes comme l'Inde et la Chine. Le commerce extérieur de la France vers l'Afrique a connu la même chute et il est de l'ordre de 4% seulement. Sur le plan politique, la France n'a plus la même mainmise, notamment sur d'anciennes colonies comme le Sénégal, entre autres. Continuant son retrait, bon gré mal gré, de ce qui est communément appelé le «pré carré» français, Paris a fermé sa base militaire à Dakar et les effectifs de cette plate-forme sont passés de 1 200 à 400. Cet état de fait est le résultat de la renégociation des accords miliaires entre la France et les pays africains. La refondation des relations franco-africaines sur la base d'un partenariat gagnant-gagnant est devenue une nécessité absolue. Dans un entretien accordé au journal les Afriques, M. Sarkozy a tenu un discours aux antipodes de celui de Dakar. A la veille du sommet Afrique-France, le président français a affirmé que «la France veut être aux côtés de l'Afrique pour accompagner le décollage du secteur privé sur le continent». Saura-t-il donc convaincre «ses partenaires» africains qu'il a vraiment changé de vision sur l'Afrique ou va-t-il promettre des choses qu'il ne concrétisera pas, comme ce fut le cas sous l'époque Chirac où beaucoup d'argent avait été promis sans être vraiment débloqué et sans réels résultats sur le terrain ?