Photo : APS De notre envoyé spécial à Nice (France) Lyes Menacer Au deuxième jour qui a marqué la fin des travaux du 25ème sommet Afrique-France, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a appelé hier l'Union européenne à revoir sa copie concernant la taxe carbone que le continent noir ne devrait pas payer. Evoquant l'esprit de dialogue dans les relations entre l'Afrique et le Vieux Continent, M. Bouteflika a souhaité que «l'Union européenne accepte de reconsidérer sa décision sur l'imposition d'une taxe carbone aux compagnies aériennes des pays africains et en développement qui assurent des liaisons avec les pays européens […]». Car, a-t-il ajouté, «nous ne pensons pas que l'imposition de taxes, de surcroît d'une manière unilatérale […], soit la formule idoine pour contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et financer dans le même temps la lutte contre les changements climatiques». Evoquant, dans une perspective plus large, le problème du changement climatique, le président algérien a estimé qu'«il est indispensable de poursuivre et d'intensifier le processus de négociations sur les changements climatiques». Pour ce faire, il n'y a pas meilleur cadre «multilatéral, ouvert et transparent» que l'Organisation des Nations unies, a-t-il insisté. Pour lui, le sommet de Nice, en France, devrait contribuer à renforcer les chances d'aboutir aux engagements conventionnels qui lient les membres de la communauté internationale, dans le respect du principe de la responsabilité commune, mais différenciée. Autrement dit, l'Afrique à laquelle on ne peut imputer que 4% des émissions mondiales des gaz à effet de serre «espère légitimement que les engagements chiffrés de réduction des gaz à effet de serre soient pris, à Cancun [Mexique], par les pays industrialisés, conformément à leur responsabilité historique. Il leur revient [aux pays développés et industrialisés] d'honorer leurs engagements au titre de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Tout comme il leur revient de mobiliser les moyens de mise en œuvre dudit instrument au profit des pays en développement». M. Bouteflika s'est attardé dans son discours sur «le climat et le développement», qui a fait l'objet d'une troisième et dernière séance lors du sommet de Nice, sur les efforts et les moyens déployés par l'Algérie en matière de lutte contre la pollution et de promotion des énergies renouvelables. «Ayant eu le privilège de coordonner, dans la phase de niveau ministériel, l'action africaine dans le cadre du processus de négociations sur le régime climatique mondial, l'Algérie accorde une attention particulière à la lutte contre les changements climatiques […]», en mettant en place plusieurs structures et un dispositif institutionnel pour l'application de sa «stratégie nationale intégrant la promotion des énergies renouvelables et de technologies moins polluantes pour l'utilisation de l'énergie fossile», a-t-il souligné. Par ailleurs, le président Bouteflika a averti que, sans la mobilisation des «ressources financières, le transfert de technologie, l'accès au savoir-faire écologiquement rationnel», l'avenir des futures générations sera hypothéqué. L'Afrique fonde, selon lui, de nouveaux espoirs sur le prochain sommet mondial sur le climat qui se tiendra à Cancun au Mexique. «Nous espérons que la communauté internationale arrivera à des résultats positifs lors de la 16ème conférence des Etats-parties qui se tiendra à Cancun à la fin de l'année 2010, couronnant le processus de négociations en cours sur le régime climatique mondial pour l'après-2012», a-t-il dit. «L'Afrique et les pays en développement en général auraient préféré que le sommet de Copenhague débouche sur des résultats beaucoup plus conformes aux attentes en ce qui concerne la fixation de nouveaux objectifs ayant force obligatoire pour les pays développés au titre de la période post-2012 du protocole de Kyoto, et une démarche ambitieuse au titre de l'action concertée à long terme», a-t-il ajouté, avec regret.