Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Belliri, la troupe théâtrale constantinoise ne participe pas au 5ème Festival national du théâtre professionnel (FNTP) d'Alger. Pourtant, rien que pour monter sur les planches et gratifier le public des performances de ses comédiens, l'association a travaillé d'arrache-pied et ses membres se sont imposé, sans désemparer et à la spartiate, plusieurs répétitions afin d'être à la hauteur de l'événement. Que s'est-il alors passé pour qu'en fin de compte Belliri ne soit pas de la fête et, ses éléments ulcérés par un «faux bond» qui risquerait de nuire à leur réputation mais lequel, toutefois, ne peut leur être arbitrairement attribué en raison des causes qui ont entouré cette défection ? Le président de l'association Belliri, Hamza Mohamed, que nous avons rencontré lors de l'avant-première du film Eden nous a fourni ses arguments. «Pour être présents à Alger, nous avons commencé par participer à des sélections qui ont eu lieu à Annaba, nous avons terminé à la deuxième place...quoique la première nous revînt logiquement et incontestablement. Néanmoins, étant habitués à ces détails de sélection, de manœuvres, je dirai qu'en réalité le problème ne se situe pas là. Ce qui nous avait importé, c'était de faire une bonne prestation et quoi qu'il aurait pu arriver, cette seconde place était qualificative pour le festival national et là, une fois arrivés à cet événement artistique, les comédiens étaient persuadés que le public serait le seul à juger.» Autrement dit, la satisfaction morale sera rendue à la troupe, suggère notre interlocuteur. A partir de cette intime conviction, les comédiens ont donc continué de se préparer pour ledit rendez-vous jusqu'à réception du programme et prise de connaissance des scènes où ils devaient se produire et où, bien entendu, ils ne se trouveront pas. La cause ? «Une fois la programmation faite, nous avons constaté que les salles où se dérouleraient nos prestations ne répondaient pas aux exigences spatiales de la pièce proposée, en l'occurrence Don Quichotte. Je l'affirme sans ambages, ce Don Quichotte, pour avoir cogité autour de sa préparation, pour nous [les comédiens] être dépensés deux mois durant sans commune mesure, pour avoir étudié dans les plus infimes détails le texte, chorégraphié les déplacements dans l'espace scénique, multiplié les répétitions et essayé un large éventail de lumières et leur combinaison, ne pouvait être interprété sur les scènes (Bouira, Médéa, Aïn Defla, Hadj Omar) qui nous étaient proposées par les organisateurs, du fait de leur exiguïté. Nous connaissons parfaitement celles-ci et il relevait de la gageure d'y monter une pièce comme la nôtre», répondra le président de Belliri. Hamza Mohamed estime que «parfois, à quelque chose malheur est bon, dans la mesure où parce que nous connaissions justement ces salles et en écartant donc l'idée d'y jouer, nous avons préservé la réputation de la troupe sachant que les conditions idoines n'étaient pas réunies, la pièce aurait été exécrable, les comédiens stigmatisés et l'avenir de Belliri sans doute plus que compromis. Alors que nous le disons, sans crainte que nous soit reproché un manque de modestie, celle-ci (Belliri) est à mes yeux l'une des meilleures d'Algérie. En conclusion, le retour de flamme aurait été fatidique pour tout le monde et pour le...festival même». Soulignons que Belliri n'a pas participé aux éditions 2008 et 2009, ses membres ayant délibérément écarté l'idée de participer rien que pour le principe, considérant que leur raison d'être «était de faire honneur au métier en offrant aux différents publics des prestations de qualité, à la hauteur de l'œuvre ponctuellement choisie et surtout par respect de son auteur en particulier et de l'art en général», tiendra à préciser le président de l'association. A une correspondance qui aurait été adressée aux organisateurs du festival, Belliri allait recevoir une réponse qui, en raison de la raréfaction ou l'indisponibilité de salles appropriées, déclinait la proposition de reprogrammation de Don Quichotte tout en sollicitant de l'association de tenir compte de cet impondérable. «Nous n'avons pu que décliner à notre tour en présentant nos excuses aux organisateurs […]. En ce sens, et nous ne le dirons jamais assez, qu'il n'y va pas uniquement de la réputation de Belliri mais aussi du 4ème art en Algérie et du risque qu'il soit desservi par une prestation mitigée et plus particulièrement en présence des hôtes syriens, marocains, soudanais, tunisiens, français et britanniques. D'ailleurs nos excuses vont au public, aux autres troupes et forcément aux organisateurs, lesquels comprendront aisément et accepteront notre argumentaire», ajoutera M. Hamza. Belliri annonce une série de démarches pour programmer Don Quichotte en off sur des scènes et dans des salles idoines et dans la foulée fait part de son intention de n'exiger aucun cachet en contrepartie des prestations rien que pour prouver que sa défection au festival national ne tient qu'à des considérations artistiques de... puristes.