Photo : A. Lemili Par Sihem Ammour La compétition entrant dans le cadre du Festival national du théâtre professionnel d'Alger (FNTP) s'est poursuivie dimanche dernier avec l'entrée en lice du Théâtre régional de Constantine (TRC) qui a présenté Tartuffe mis en scène par Mohamed El Tayeb Dhimi. Le texte est traduit de l'œuvre éponyme de Molière vers l'arabe dialectal par Saïd Boulmerga qui a restitué avec finesse la poésie et le rythme de l'œuvre initiale. Dans un décor représentant l'espace central d'une riche demeure, le public était convié à suivre l'histoire de la famille d'Orgon dont le quotidien est bouleversé par Tartuffe, un hypocrite, qui utilise la religion pour séduire ses victimes. Tartuffe est le personnage central autour duquel évoluent plusieurs situations. C'est lui qui convainc Orgon d'annuler le mariage de sa fille Marianne afin de la prendre pour épouse. C'est lui aussi qui tente de séduire l'épouse de son bienfaiteur et pousse Orgon à déshériter son fils Damis pour ensuite devenir le seul héritier légitime. La perfidie de l'hypocrite sera dévoilée grâce à la ruse de la malicieuse servante Dorine qui, fidèle à ses employeurs, veut les préserver des vilénies de Tartuffe. Même après avoir été démasqué, Tartuffe trahit la confiance d'Orgon et le dénonce au roi pour qu'il soit emprisonné. Le fourbe sera finalement sanctionné et la famille d'Orgon retrouvera la joie de vivre grâce à un dénouement heureux. Les amateurs du quatrième art ont apprécié cette représentation de bonne facture, qui a su séduire par la fluidité de la mise en scène, l'aisance des comédiens et l'utilisation pertinente de la lumière et de la musique. Il faut saluer la justesse de l'interprétation des comédiens chevronnés qui ont évolué avec aisance sur scène, à l'instar d'Alloua, Zermatt, Zoueirat Ibm, RAïssa Radar, Assen Ben Aziz, Hocine Bouleuse. A leurs côtés ont évolué Boukha Serf El Islam, Rami Leblanc, Hamy Karim, Samira Abouche et la pétillante Chahin Neufchâteau qui a incarné avec talent le personnage de Dorine, l'intelligente servante. La scénographie de Halimi Rahman a permis de créer une réelle atmosphère scénique en adéquation avec les multiples émotions que dégageait la pièce, à l'instar de la mélancolie, du dépit, de la tristesse et du suspense. Ainsi, l'entrée de Tartuffe sur scène était à chaque fois marquée par une lumière rougeoyante, sur une musique angoissante dont le jeu d'ombre laissait entrevoir la silhouette qui s'approchait, telle une sombre menace qui s'abattrait sur la demeure familiale. Par ailleurs, la représentation a réussi à créer une symbiose avec le public qui réagissait aux différentes situations, qu'elles soient tragiques ou comiques jusqu'à l'heureux dénouement final. A l'exemple de la situation tragique du mariage forcé d'Emire à Tartuffe, la scène où Dorine réconcilie les deux amoureux, après une dispute puérile est fortement applaudie par le public qui réitère ses applaudissements dans la scène finale où les deux amoureux sont enfin réunis. Les applaudissements fusent aussi lorsque Tartuffe est démasqué et menotté. La troupe du TRC a également réussi à faire rire l'assistance lors des multiples scènes comiques qu'affectionnait tant Molière. Au final, le TRC a offert au public du TNA un moment de théâtre distrayant, d'une qualité intéressante. Mais, il ne peut réellement rivaliser avec les représentations des Murs de la ville du Théâtre régional de Skikda et de la Marelle de Matrah El Tage de Bordj Bou Arréridj, deux œuvres favorites jusqu'à présent en attendant l'entrée en lice des autres concurrents qui doivent maintenant placer la barre plus haut.