De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le théâtre régional de Constantine (TRC) «ambitionne» de multiplier ses créations. Il vise un festival maghrébin, et pourquoi pas méditerranéen, souhaite le directeur de cet organisme artistique. En outre, sa production annuelle fixée à trois nouvelles œuvres par an devrait doubler d'ici la saison prochaine Cet enrichissement n'est qu'une suite logique de la volonté du TRC d'être présent de manière permanente sur toutes les planches nationales, et ce, avec des spectacles de bonne facture. Mais aussi à la faveur d'un budget colossal dégagé par le ministère de la Culture. Parce que le théâtre est le symbole du Rocher «il rayonne d'abord par ses productions, sa troupe et la qualité de l'organisation à l'intérieur de l'entreprise», devait s'exprimer le directeur A. Ramdani au sujet de la bonne santé des planches constantinoises. Une lecture assez applaudie en tenant compte du constat positif tiré au terme des dernières journées maghrébines du théâtre professionnel n'ayant pas désempli et vu le passage de 13 pièces de différentes régions en plus de deux présentations, tunisienne et marocaine, titrées respectivement Harras el madina et Il. Le TRC a présenté ses deux dernières œuvres : la Rage des amants, d'après un texte de Hama Miliani, et Tartuffe (Molière), adaptée et réalisée par T. Dehimi et Zermani. Soit deux parmi les nouvelles productions puisque on avait concocté durant l'année 2008-2009 El Laaba et une autre pour enfants intitulée Bagrat Lithama. De plus, on nous finalisons une autre pièce pour enfants El Anhar Essaghira, dira Ramdani, indiquant que «l'objectif assigné en matière de production a été atteint magistralement. Cela dit, on avait tablé sur trois réalisations par an. J'estime qu'on a doublé d'efforts pour en coucher d'autres. On ne va pas s'arrêter là ! Dans un avenir proche, au moins 6 pièces seront produites annuellement. Car, après tout, il faut se mettre en tête que le TRC est une entreprise de production artistique». En matière d'encadrement, on apprend qu'un stage de 15 jours a été organisé au bénéfice des étudiants amateurs de théâtre. Ce stage était encadré par des comédiens et des metteurs en scène professionnels, à l'image de Hamida Aït El Hadj et de M. Rahmouni, qui ont endossé, ainsi, le costume de formateur.Dans ce sillage, la formation, constituant pour le moment le talon d'Achille au niveau des planches nationales, le théâtre entend mettre en place un encadrement permanent au niveau de son organisme. Pour cela, il formulera une suggestion qu'il adressera au ministère de la Culture se traduisant par la mise en place de bons formateurs qui assureraient des cycles et des ateliers de formation. Sinon, «ouvrir des annexes au niveau des métiers ou, alors, s'orienter vers la spécialisation». En attendant la concrétisation d'une telle sollicitation, le directeur compte ramener des compétences étrangères pour encadrer davantage les jeunes. Actuellement, le TRC referme 11 permanents outre trois metteurs en scène, dont le responsable de la production, Dehimi. Toutefois, on devrait se poser la question quant à la disproportion entre la gourmandise des prochaines productions et le nombre d'artistes que renferment les planches constantinoises. «On recourra à l'enrôlement contractuel selon le nombre de diffusion. Cela appelle, évidemment, des troupes indépendantes et des comédiens qualifiés pour parvenir à assurer pleinement les productions et à les diffuser un peu partout.» Concernant les futures tournées du TRC, Tartuffe partira à la conquête de l'Ouest et du Centre incessamment pour trois représentations, et ce, après une programmation locale fixée au début de juin, le temps de donner un léger répit aux planches au terme du festival de jazz. Par ailleurs, les responsables du secteur visent une consécration lors du Festival national du théâtre professionnel prévu le 24 juin prochain. «Nous demeurons fort optimistes pour décrocher le grand prix avec notre pièce la Rage des amants à la clôture», déclare Ramdani qui croise les doigts. Il faut souligner que cette pièce a nécessité la bagatelle de 600 millions de centimes. Autant d'optimisme et de volonté prime chez le directeur pour peu que les«pros» des planches répondent par leur présence en vue de mettre le TRC sur le devant de la scène. Laquelle scène n'aura pas été ébranlée dans les moments difficiles générés par la décennie noire. Des perspectives qui demeurent pour le moins réalisables surtout si l'on met en relief la forte enveloppe financière allouée par le département de Mme Toumi. Le budget n'a rien laissé au hasard pour permettre aux planches constantinoises de renaître de leurs cendres. La manne est partagée judicieusement, tels les rôles donnés aux comédiens. Il y en a pour la formation, la diffusion, le cachet, le fonds de roulement… En somme, c'est la plus coquette des subventions octroyées au TRC depuis 10 ans, reconnaît Ramdani en ajoutant qu'il veut la mettre à la «disposition judicieuse» des artisans «prolifiques», dans le seul but de pérenniser l'acte théâtral qu'on connaît à la ville depuis des décennies. Dans ce sillage, le directeur se dit ouvert à toute proposition artistique provenant des troupes indépendantes à l'image de Belliri ou de Mesrah Ellil et de bien d'autres encore. Dans ce cas, expliquera–t–il, «une commission spécialisée épluchera l'œuvre proposée avant de décider sur sa production et, évidemment, sur sa diffusion en coproduction ou autre». «Le TRC ne prendra que 30% des bénéfices, soit une marge assez étudiée pour encourager ces troupes indépendantes». Comme la ville est en pleine extension par ce boom démographique de tout bord, le théâtre interpelle son jumeau, du moins une extension qui pourra «l'alléger» de ses costumes de trop et autres accessoires de scène. A cet effet, le wali a été sollicité pour une parcelle en vue de construire «des espaces» d'autant qu'il s'est mis à contribution envers d'autres associations culturelles pour réaliser leur objectif. Constantine détient en plus du TRC un théâtre de verdure. Néanmoins, cet espace dont le statut n'a pas encore été défini se fait utile une fois par an. «C'est une action morale que nous entreprenons pour mettre l'odéon en animation», devait dire le directeur Bechkri. De fait, isolé de toute appartenance clarifiée, cet espace oscille entre les décisions de la tutelle culturelle et des collectivités locales. Si bien qu'aucun budget prévisionnel de fonctionnement ne lui a été suggéré pour le moment. Le théâtre de verdure active par le biais de bouffées communales quand il s'agit d'organiser des manifestations purement estivales. C'est ce qui met en berne toute éventuelle programmation. Une situation qui «démotive» quelque peu le responsable à être avec des artistes. Aujourd'hui, on attend que se décide le sort du théâtre de verdure en plus de voir parachever sa maquette initiale «déplumée».