Plusieurs voix dans le monde s'élèvent aujourd'hui, réclamant des sanctions lourdes contre Israël pour l'attaque de la «flottille de la Liberté» dans les eaux internationales. Des hommes d'Etat se disent «choqués» et demandent des enquêtes sur l'assassinat d'humanistes partis rompre le blocus imposé à Ghaza (un blocus décrié par un grand nombre de pays et d'organisations internationales, dont l'Union européenne) ; des diplomates dénoncent l'impunité de l'entité sioniste ; les masses investissent les rues pour crier leur aversion face à cette agression caractéristique et unique en son genre. Il est demandé la rupture du blocus de Ghaza et la condamnation d'Israël. Cette réaction de l'opinion internationale ressemble, à quelques détails près, à celle constatée au lendemain de l'agression israélienne dans la bande de Ghaza fin 2008. Par quoi s'était soldée la mobilisation ? Par une enquête dont les recommandations sont toujours en attente d'exécution. Le rapport Goldstoone, du nom du juge sud-africain Richard Goldstone, président de la commission d'enquête des Nations unies, a été présenté le 15 septembre 2009 et adopté par 335 voix pour, 287 contre et 43 abstentions. Israël refuse le rapport, le qualifiant presque d'«antisémite» -notons que Richard Goldstone est de confession juive. Le 10 mars 2010, le Parlement européen adoptait une résolution –encore une- demandant l'application des recommandations de ce rapport. Que de vœux pieux, face à l'insolence de l'entité sioniste ! De 1947 à 2009, Israël a refusé de se conformer à 34 résolutions émanant de l'Assemblée générale de l'ONU (ayant fonction décisionnelle jusqu'en 1949) puis du Conseil de sécurité. Ce qui donne une moyenne d'une résolution non respectée chaque deux ans. Incroyable… Et on parle encore de la crédibilité des instances internationales ! Aujourd'hui, à l'heure de la énième atteinte aux droits de l'Homme et aux lois internationales, on attend toujours que le Conseil de sécurité de l'ONU promulgue une nouvelle résolution condamnant l'acte abject d'une armée de pirates. Pourquoi, cette fois, Israël s'y conformerait-il ? Même si certaines réactions semblent plus virulentes que lors des agressions précédentes, les décisions orales ou transcrites n'ont aucun sens si l'exécution ne suit pas. L'enfer est pavé de bonnes intentions. Que reste-t-il à faire dans ce cas ? Les Etats «réellement» favorables à des sanctions dures contre le colonisateur israélien doivent constituer une coalition, non fantoche, et réagir de manière tangible contre l'impunité internationalement «admise» de cet Etat. Les pays membres de cette coalition devront rompre toute relation de quelque nature qu'elle soit, avec l'entité sioniste. Les pays arabes qui se disent «porte-flambeau de la cause palestinienne» sont dans l'obligation de trancher. Ceux qui refusent de mettre un terme à leurs relations avec Israël devront être mis en quarantaine par les autres. La coalition, pour plus de crédibilité et de pression, devra adopter la politique de la chaise vide au niveau des institutions et organismes internationaux incluant l'Etat sioniste. Ce sont là des propositions qui pourront, sinon contrebalancer le soutien de certains Etats à Israël, présenter, au moins, des positions claires des alliés d'une Palestine libre et indépendante. En attendant la réunion de la Ligue arabe (très lente au démarrage), qui n'a pas le droit, cette fois encore, de décevoir les attentes des peuples, les hommes d'Etat ont beau dénoncer, les humanistes accuser, les foules manifester, si des positions courageuses (appelées par les peuples du monde arabe et musulmans, entre autres) ne sont pas adoptées, l'attaque de la flotte de la paix ne sera qu'un énième dossier à classer avec les autres entraves aux droits de l'Homme par Israël. Au rythme d'une résolution de l'ONU non respectée par l'entité sioniste chaque deux ans, la planète risque de voir les mêmes images de contestations et de dénonciation, les mêmes expressions de «révolte» avant la fin 2011. Alors, à l'année prochaine. S. A.