Encore une fois, Israël nargue le monde entier et tue, en toute impunité, une vingtaine de passagers du convoi humanitaire de la flottille de la liberté. La communauté internationale se dit consternée et choquée mais quelques Etats seulement ont décidé de rappeler leur ambassadeur en Israël. D'autres ont choisi de convoquer l'ambassadeur israélien pour «s'expliquer» et certains ont condamné «l'usage disproportionné de la force». Compréhensible du moment qu'Israël accuse les organisateurs de la flottille pro-palestinienne d'avoir déclenché les violences avec… «deux pistolets» ! Ainsi, l'ONU s'est dit «choquée» par la voix de son secrétaire général Ban Ki-moon : «Je condamne ces violences. […] Il est vital qu'une enquête complète soit menée.» Une nouvelle enquête qui viendra s'ajouter à toutes celles qui ne verront jamais le jour. De leur côté, les ambassadeurs des 27 pays de l'Union européenne à Bruxelles ont tenu une réunion extraordinaire dans l'après-midi d'hier pour «faire le point» après l'assaut. Le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, avait auparavant demandé une «enquête complète» des autorités israéliennes sur les circonstances de l'attaque et a réclamé l'ouverture «immédiate» et «sans conditions» de Ghaza. Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a dénoncé de son côté une «violation manifeste et inacceptable du droit international, en particulier de la quatrième convention de Genève». «Le Parlement européen invite la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, à prendre des mesures au sein du quartette pour forcer Israël à lever le siège qui frappe la population de Gaza immédiatement et sans condition», a indiqué M. Buzek. Ce massacre «injustifié» a été également condamné «avec fermeté» par la Ligue arabe qui a appelé la communauté internationale et ses institutions à réagir immédiatement pour prendre des mesures coercitives contre Israël qui pratique toutes les formes de «terrorisme et de piraterie». A cet effet, M. Amr Moussa a appelé à une réunion urgente du conseil de la Ligue, aujourd'hui au Caire. De son côté, l'Union africaine (UA), «choquée», a condamné et demandé une enquête. Cet assaut sanglant survient à la veille d'une rencontre prévue aujourd'hui à la Maison-Blanche entre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et le président Barack Obama. La Maison-Blanche a affirmé que les Etats-Unis «regrettent les pertes en vies humaines» mais veulent connaître les circonstances de la «tragédie». Netanyahu, actuellement au Canada, a assuré les forces armées israéliennes de son «soutien total». L'Italie a aussi «déploré le meurtre de civils» demandant l'ouverture d'une enquête en association avec l'UE. Auparavant, le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Alfredo Mantica, avait estimé que la tentative de la flottille pro-palestinienne de rompre l'embargo israélien sur Ghaza était de «la pure provocation». Le gouvernement de droite italien de Silvio Berlusconi est un des alliés européens les plus proches des autorités israéliennes. Le regret de la mort de civils a été exprimé par la Grande-Bretagne, qui a évoqué une «intervention israélienne meurtrière, à première vue disproportionnée», et l'Allemagne, laquelle critique rarement Israël. L'usage disproportionné de la force a également été cité dans la déclaration du président français Nicolas Sarkozy. Il a exprimé sa «profonde émotion devant les conséquences tragiques de l'opération militaire israélienne». La Belgique a qualifié de «disproportionné» le raid aérien israélien. La France, la Suède, l'Espagne, qui assure la présidence tournante de l'UE, le Danemark, l'Irlande, la Belgique, l'Autriche et l'Egypte ont décidé de convoquer les ambassadeurs israéliens pour des explications. La Grèce, dont le gouvernement a annulé une visite du chef d'état-major de l'armée de l'air israélienne prévue aujourd'hui, a condamné «l'utilisation d'une telle violence». Le Liban, qui préside actuellement le Conseil de sécurité de l'ONU, a appelé à une réunion d'urgence de l'instance internationale alors que Ahmadinejad a dénoncé «l'acte inhumain du régime sioniste». De son côté, Amman qualifie l'assaut de «crime odieux» et le Pakistan le considère comme «brutal et inhumain». En Palestine, l'Autorité a qualifié cette attaque de «massacre» en réclamant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle avait appelé les Etats-Unis à «intervenir d'urgence pour mettre fin aux agressions et aux crimes» commis par Israël. Hamas a appelé à présenter les dirigeants israéliens devant la justice comme «criminels de guerre», et réclamé la tenue d'une réunion urgente des pays arabes et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) pour examiner l'agression israélienne. Enfin, les Arabes israéliens ont appelé à la grève générale et à manifester en Israël. H. Y.