La Turquie compte bien faire monter la pression sur Israël, qui jouit de l'impunité internationale, pour qu'il lève le blocus auquel il soumet illégalement la bande de Ghaza. Un sommet pour un groupe de sécurité de 20 membres pour la région asiatique est ouvert à Istanbul. La Turquie, alliée le plus important d'Israël dans la région, a dit qu'elle réduirait les accords militaires et les liens commerciaux avec Israël. Des discussions liées à l'économie devraient être mises à l'écart comme les projets énergétiques, notamment le gaz naturel et des livraisons d'eau douce. Ankara semble disposé à rompre les liens si Israël ne présente pas des excuses pour l'attaque contre les humanitaires. La majorité de ceux tués étaient turcs. Neuf chefs d'Etat, y compris ceux d'Iran et de Syrie, ainsi que le Premier ministre russe sont attendus à la conférence d'Istanbul. La Turquie a déclaré qu'Israël, également membre de la CICA, a été invité, mais ne devrait pas y assister. L'acte de piraterie israélien a provoqué un tollé dans le monde entier et des pressions sur Israël pour alléger ou lever le blocus se font plus fortes. Dans le cadre du blocus, la plupart des exportations de Ghaza sont interdites, rendant déplorable l'économie du territoire. La Turquie a déclaré qu'elle considère la bande de Ghaza ainsi que la situation en Afghanistan comme des cas de test pour le groupe de sécurité qui comprend la Russie, l'Iran, l'Afghanistan et la Corée du Sud. Le dernier groupe s'est réuni en 2006, après avoir été mis en place en 1999, pour discuter des conflits en Asie. Dans un contexte particulier, la Turquie compte assumer la présidence du groupe en provenance du Kazakhstan et est tenue d'utiliser la plate-forme pour attirer l'attention sur le sort inacceptable des Palestiniens au cours de la réunion. Sourd aux appels de la communauté internationale, l'occupant israélien poursuit ses exactions contre les Palestiniens. Hier, la marine israélienne a tiré sur des Palestiniens, plongeurs au large de Ghaza, tuant quatre d'entre eux. La Turquie, seul pays musulman membre de l'OTAN, aspire à devenir une puissance régionale de premier plan et à entrer dans l'Union européenne. Ses détracteurs estiment que le gouvernement d'Ankara risque d'aller trop loin en cherchant à nouer des relations plus étroites avec des pays du Proche-Orient. Malgré les pressions des Occidentaux, Ankara semble ne pas vouloir lâcher prise. Il n'y aura pas de normalisation des relations entre la Turquie et Israël si ce dernier refuse une commission d'enquête indépendante de l'ONU, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères. L'attaque israélienne du 31 mai, au cours de laquelle neuf Turcs ont été tués, a suscité un tollé international et tendu à l'extrême les relations turco-israélienne. Ankara a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv et annulé des exercices militaires conjoints. Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté le 2 juin à Genève une résolution approuvant la mise en place d'une «mission d'enquête internationale» sur l'acte criminel d'Israël contre la flottille humanitaire. Fort du soutien des Occidentaux paralysés par leur culpabilité historique, Israël a jusqu'à présent résisté aux pressions pour la création d'une enquête internationale. La question de savoir ce que deviendrait la coopération militaire turco-israélienne est de mise. L'Etat hébreu risque de perdre son seul allié déclaré dans la région. La Turquie, qui a pris des sanctions diplomatiques contre Israël à la suite de l'acte criminel, exclut une normalisation des relations si le gouvernement israélien n'acceptait pas une commission d'enquête indépendante de l'ONU. A Istanbul, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et son homologue palestinien Mahmoud Abbas seront au nombre des huit chefs d'Etat qui participeront au sommet. Le président syrien Bachar El Assad y participera à titre d'invité. Une bonne partie des discussions porteront sur Israël et le blocus inhumain qu'il impose aux Palestiniens de la bande de Ghaza. La Turquie, avec le concours du Brésil, a favorisé au mois de mai la conclusion d'un accord sur un échange de combustible nucléaire qui n'a pas été du goût des puissances occidentales. Ainsi, l'attention sera inévitablement tournée vers d'éventuels échanges entre le Premier ministre russe Vladimir Poutine et Ahmadinejad, qui a vivement reproché au Kremlin de faire volte-face et de soutenir le nouveau projet de sanctions. Le tout à quelques jours d'un vote du Conseil de sécurité de l'ONU sur un renforcement des sanctions contre l'Iran. L'accord turco-brésilo-iranien a été accueilli froidement par les grandes puissances, qui y ont vu une manœuvre de diversion de Téhéran pour éviter les sanctions. Erdogan est l'un des cosignataires de la proposition iranienne, à la suite de laquelle la Turquie s'est déclarée opposée à de nouvelles sanctions. Sur le terrain, les actions pour briser le blocus israélien devraient se poursuivre inlassablement. En Iran, le Croissant-Rouge a annoncé son intention d'envoyer trois bateaux et un avion chargés d'aides à Ghaza. M. B.