Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Dans quelques mois, l'échéance que s'est fixée Noureddine Moussa, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, pour concrétiser la promesse phare du programme présidentiel, à savoir la réalisation d'un million de logements, sera atteinte. Durant la période 2004-2008, plus de 830 000 logements (tous types confondus) ont été réalisés selon le ministre qui a assuré qu'il sera livré, avant fin 2009, un nombre de 275 504 logements sur un programme en cours de 530 573 logements. Ce qui devrait donner un total de réalisations de plus de 1,1 million de logements pour le quinquennat 2004-2009. A en croire les chiffres, l'objectif sera atteint et la promesse sera tenue. Pourtant, le million de logements réalisé en 5 ans n'est pas venu à bout de la crise. Le logement est encore au cœur des émeutes car l'Algérien ne trouve toujours pas un toit. Il continue de squatter des bidonvilles ou des terrasses d'immeubles. Le commun des citoyens, choqué -à n'en pas douter- par ce bilan chiffré de logements réceptionnés et distribués, est en droit de se poser la question : «Pourquoi moi, je n'ai pas droit au logement ?» Surtout quand ce citoyen répond à tous les critères d'éligibilité pour en bénéficier mais en vain ! La réponse du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme est toute simple : les pouvoirs publics sont dans l'incapacité de satisfaire la demande sans cesse croissante de logements. A en croire les déclarations de certains responsables du secteur, le besoin annuel exprimé est de 250 000 logements alors que les capacités de réalisation sont de 200 000 unités/an. Cela explique le manque qui s'accumule d'année en année. Mais ce qui demeure incompréhensible, est le constat fait, il y a quelques années, par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et qui concerne les logements inoccupés. Leur nombre s'élevait, en 2008, à plus de 700 000 logements pour un parc immobilier de 6 millions d'unités. Ce chiffre sera revu à la hausse lors du dernier recensement effectué. Selon le document de l'Office national des statistiques (ONS), le parc des logements habités a atteint 5 244 347 sur un total de 6 748 057 logements recensés au 16 avril 2008 au niveau national. Il ressort de ces résultats un nombre de logements inoccupés de 1 503 710. Lorsqu'on parle de logements vides, il ne s'agit pas de logements disponibles à l'habitat, certes, mais combien le sont-ils ? Admettons qu'en Algérie, il existe une caste de bourgeois dont les moyens permettent l'acquisition de plus d'un logement –et qu'il ne s'agit pas, là, de dilapidation et encore moins de détournement ou de favoritisme-, ne peut-il pas exister des stratèges pour mettre en place une loi incitative à la mise en location de tout le parc immobilier inoccupé ? Ce qui va sûrement réguler le marché de ce secteur et faire baisser la demande pour l'acquisition et la tension sur le logement en général. Le chef de l'Etat lui-même a exigé le «redressement» de la situation des logements étatiques inoccupés dans un conseil de gouvernement. Revenant sur le dernier recensement qui avait mis en avant le nombre de logements inoccupés, le Président a chargé son gouvernement de soumettre les instruments requis, y compris législatifs et incitatifs, pour mettre un terme à la subsistance d'un important parc d'habitations inoccupées, alors que le déficit national de logements demeure sensible. «Cette situation devra être redressée, notamment en ce qui concerne les logements inoccupés acquis ou loués auprès de l'Etat, ou réalisés avec un soutien public», a exigé le président de la République. Pour le moment, il faut se rendre à l'évidence : il ne suffit pas de s'user à économiser sou par sou ou de répondre aux conditions requises dans les différentes formules établies pour l'acquisition d'un logement. Malgré des bilans chiffrés qui donnent le tournis, le logement reste pour la majorité des Algériens un rêve inaccessible !