De notre correspondant à Constantine A. Lemili «La route est droite, mais la pente est rude», avait dit un Premier ministre chiraquien évoquant la difficulté de sa mission. Pour la mise en place du championnat professionnel, la route est loin d'être droite sans que cela empêche la pente d'être encore plus rude. Nous en prenons pour preuve le chemin de croix emprunté par l'AS Khroub qui, malgré la volonté incontestable qu'affichent les membres désignés pour faire aboutir le projet au sein de la commission ad hoc n'arrête pas, depuis trois semaines, de donner l'impression de faire du surplace ou du moins de progresser très laborieusement alors que le temps ne leur laisse plus le… temps. Vendredi dernier, le centre culturel M'hamed Lyazid a accueilli celui qui, par les temps qui courent, est devenu le référent en matière d'expérimentation de la question, en l'occurrence Mohamed Yahiaoui, DG de Management Business Iinternational Institute (MBI) lequel serait derrière la réussite de l'ES Sétif. L'hôte du Khroub exposera de la manière la plus claire, la plus lisible les voies et moyens de relever le défi que s'est imposé l'assemblée générale du club en faisant le choix de changer de statut social. Vue à partir de la salle, telle qu'elle se présente, la situation est des plus aisées et les actionnaires éventuels de commencer d'ores et déjà à voir comment réinvestir leurs dividendes. «Un placement à 12%, donc un gain comme nulle part ailleurs», a affirmé M. Yahiaoui. En théorie, l'affaire semble des plus simples d'autant que l'exposant y mettait l'art et la manière pour faire de ce qui ressemble a priori à une montagne un anodin tas de sable. Il est d'ores et déjà recommandé de faire le discernement entre deux projets «sportif et commercial» sur lequel serait bâtie la société par actions créée. En moins abscons, l'aspect commercial servirait à alimenter financièrement la SPA et celui sportif à assurer sa pérennité, l'un n'allant plus sans l'autre une fois l'aventure engagée. M. Yahiaoui, insistant non sans dire vrai que «le professionnalisme est déjà installé depuis la promulgation de la loi 90-31» sauf que les règles du jeu, conjoncture oblige et grave attitude permissive des pouvoirs publics jusqu'à pourrissement quasi général de la situation, ont été perverties. L'expérience des autres Il ne s'agirait alors que de recadrer tout cela et l'expérience est fournie par ce qui se fait au-delà des frontières. M. Yahiaoui de survoler alors rapidement l'expérience des pays du Golfe dont les instances sportives nationales auraient pleinement «l'astuce» parce que donnant son entière acception à la relation argent-résultats sportifs. Le merchandising est un autre volet sur lequel insistera l'expert rappelant que «plus rien ne s'opposerait alors au club à tirer profit de tout ce qui est représentatif du club : vêtements, bijoux, oriflammes, pin's, porte-clefs, écharpes, bonnets… en fait tout ce qui directement ou par effet subliminal voisinerait les couleurs de l'ASK. En ayant déposé auprès de l'INAPI pour homologation le sigle du club, les membres de la commission ad-hoc ont déjà fait l'essentiel». Le conférencier soulignera que outre l'idée pour l'ASK de tirer profit du merchandising, l'association gardera par devers elle la possibilité d'exercer une action coercitive en cas de pillage, piratage ou contrefaçon. D'où alors la conclusion, qu'abordé intelligemment et avec de la lucidité, le rapport sport-affaires, expurgé du contexte dévalorisant actuel, est vérifiable à court terme. Il ne reste pas grand temps malheureusement pour l'aboutissement du projet et la finalisation des démarches. La fédération a imposé le 30 juin prochain comme date butoir et au niveau de l'ASK si effectivement les idées sont là… à foison, ce sont plutôt les manifestations d'intérêt d'actionnaires… de vrais (par la consistance de leur apport), qui manquent. Les propos d'un intervenant au cours de la rencontre n'ont pas manqué de jeter le doute sur le projet d'autant plus que ledit intervenant posait des questions et en fournissait les réponses parfois... alambiquées et par trop équivoques. Questionné à la fin de la rencontre, le Pr. Aberkane nous dira «des petits porteurs [l'action a été cotée à 1 000 DA. NDLR], la commission en a enregistré, mais ce qu'il nous faut dans l'immédiat, ce sont des actionnaires consistants. Nous disposons au moment où nous nous entretenons de 5 actionnaires de ce genre». Ce qui semble effectivement insuffisant dans le sens que la SPA devrait brasser (même si ce n'est qu'au stade du jeu d'écritures comptables mais authentiques et vérifiables mais étalé sur le long terme) le montant faramineux de 294 MDA. La rencontre de vendredi dernier a été voulu restreinte sachant qu'elle ne ciblait que les potentiels actionnaires sur lesquels le club fonde ses espoirs. Apparemment à trois semaines du délai accordé par les instances et au vu de la situation, tout cela ne semble pas de bon augure.