Défaillance ou incompétence? Dans les deux cas, le résultat est le même: l'échec. D'un échec à l'autre. L'incapacité est devenue la devise de quelques ministres algériens. Il ne s'agit pas d'une critique. Plutôt une reconnaissance de taille émanant des ministres eux-mêmes. Pour preuve, bon nombre d'entre eux avouent leur échec. Le dernier en date est le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui. Avec beaucoup de «courage», il a reconnu devant la presse nationale que son plan de la circulation était défaillant. «Le nouveau plan de la circulation routière de la wilaya d'Alger n'a pas atteint l'objectif escompté», a-t-il révélé. Pour se justifier, il a avancé plusieurs facteurs, obscurcissant davantage le tableau. Il a évoqué le manque flagrant de voiries constaté dans la capitale. Quelques 60 points noirs ont été recensés dans Alger, a-t-il dévoilé, depuis la mise en application du nouveau plan de circulation, en juin 2005. Pis, M.Maghlaoui a renvoyé la balle à son collègue des Travaux publics, Amar Ghoul, le seul ministre qui travaille sérieusement pour expliquer l'échec de son département. «Tant que ces rocades ne sont pas inaugurées, la circulation routière, à Alger, ne s'améliorera pas», a-t-il souligné. Et pourtant, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a rendu d'énormes services aussi bien au secteur des Transports qu'à d'autres départements. Il a toujours su endosser la casquette de pompier pour secourir les départements «en panne». Sans jeter des fleurs à son premier responsable, les travaux du département de Amar Ghoul ont atteint un taux très avancé, a annoncé, à maintes fois, le concerné. Plusieurs routes, giratoires et trémies ont été livrés à la circulation ses dernières années. L'aveu de Maghlaoui n'est pas un cas isolé. D'autres ministres glissent sur la même pente. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements reconnaît la défaillance des entreprises publiques. «Les entreprises publiques ne sont pas puissantes», a-t-il déclaré la semaine dernière, lors du point de presse hebdomadaire animé à l'ex-Centre international de presse. Un autre tableau noir dressé. Plus clair, il a admis que «la situation actuelle des entreprises publiques est défaillante». Et d'affirmer qu'elles sont en danger devant la concurrence imposée par les investisseurs étrangers. A Constantine, M.Temmar a souligné que le programme de la relance économique, initié par le président Abdelaziz Bouteflika, risque de connaître un problème de financement. Car l'Etat «n'a plus d'argent», a-t-il déclaré. Le duel entre Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, et El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, se poursuit. Chacun reconnaît les manques de son secteur, mais aucun ne veut en assumer les conséquences. Les deux parties se refilent la patate chaude. M.Barkat estime que la flambée des prix ne relève pas de sa responsabilité. Il renvoie la balle au ministre du Commerce. Le grand tapage du secteur de l'Agriculture et le scandale de la pomme de terre. Des quantités importantes se sont avérées impropres à la consommation. Des centaines de tonnes importées du Canada ont été saisies par les services des Douanes. De son côté, le ministre du Commerce a fini par reconnaître les faiblesses de son secteur. El Hachemi Djaâboub a admis l'incapacité de ses services à réguler et à contrôler le marché local. Le ministre n'a pas trouvé mieux que de prier le Tout-Puissant afin de voir les prix baisser. Loin de maîtriser les principes cartésiens, il a souhaité que «cette hausse que connaît l'huile soit raisonnable et ne dépasse pas le seuil du tolérable». A la lumière de ses données, quelques questions méritent d'être soulevées. Pourquoi ces cascades d'aveux, à seulement 15 mois de la présidentielle 2009? Pourtant, ces mêmes responsables avaient promis la livraison des projets avant juillet 2008. Et voilà, qu'ils se préparent à s'en laver les mains le jour des comptes. Défaillance ou incompétence? Dans les deux cas, le résultat est le même: l'échec.