De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Les représentants des pouvoirs publics directement impliqués, à la veille du lancement des travaux de réalisation de la ligne du tramway, par le réaménagement du plan de circulation de la ville de Constantine ne sont finalement pas parvenus à «toucher» le plus gros de la population et plus particulièrement les usagers concernés. Il suffit jusqu'à l'heure actuelle de se rendre à hauteur des points de départ des transports collectifs jusque-là connus par les habitants des différentes cités et villes situées en périphérie pour mesurer l'ampleur de la détresse dans laquelle ces derniers sont plongés. Ni les informations répercutées ponctuellement par la presse écrite, ni celles fournies en boucle pendant près d'une semaine par la radio locale et encore moins la rencontre initiée et tenue par les maire, chef de daïra, directeur des transports et le représentant de l'EMA responsable du projet avec les représentants du mouvement associatif, en fait un noyau très restreint et loin de constituer un échantillon des populations concernées, n'ont finalement permis d'engager avec harmonie le chamboulement d'un plan de circulation auquel étaient habitués les usagers depuis plus d'une vingtaine d'années, exception faite de petits aménagements sans grande influence. Mais au-delà des désagréments prévisibles et annoncés par les différents intervenants sur le projet afin d'amortir la grogne générale, la mesure entraînant le nouveau plan de circulation n'a en fait été centrée que sur la fermeture de la plus importante station de départ de bus de la ville, en l'occurrence celle dite du stade Benabdelmalek et sans que celle-ci soit accompagnée d'informations complémentaires de nature à renseigner les automobilistes sur les nouvelles mesures de stationnement, de routes autorisées ou non à l'usage dans une cité déjà réputée comme totalement asphyxiée par une dense circulation et une concentration infernale de celle-ci dans le centre-ville ; passage obligé en raison, cette fois-ci, de la… concentration de l'essentiel des entités administratives publiques. La situation a été telle qu'à partir des premières heures de la journée de samedi dernier toutes les habitudes, au demeurant pavloviennes, des automobilistes s'en sont trouvées bousculées par la floraison aussi soudaine que surprenante de panneaux d'interdiction absolue de circulation à l'exception des taxis et des bus. L'anarchie a été souvent totale et le sera autant que l'étonnement des fonctionnaires, des commerçants mais aussi des visiteurs de passage de retrouver leur véhicule prisonnier d'une pince (sabot) même s'ils considéraient avoir choisi, malgré les contraintes d'éloignement et les risques de vol, un endroit réputé (l'avenue Rahmani Achour prolongée) loin de toute gêne du trafic routier quotidien. Mais l'exemple le plus frappant de ce nouveau plan de circulation reste incontestablement le réaménagement de l'artère parallèle à celle de l'avenue Aouati Mostefa et communément appelée «Laloum». Pente très importante parce qu'extrêmement accentuée, celle-ci ne peut que l'être dans l'autre sens… la descente. Sa dangerosité était telle que l'administration locale en avait condamné l'usage dans le sens de la descente parce que à deux reprises avait eu lieu deux incidents assez graves. Le premier au lendemain de l'indépendance avec la défection du système de freinage d'un véhicule léger (Peugeot 403) qui terminera sa course à l'intérieur d'un appartement située au rez-de-chaussée de l'un des immeubles. Le deuxième plus récent est dû à un camion de ramassage des ordures qui, pour les mêmes raisons, terminera sa course dans… le même appartement. Les stigmates de la mésaventure vécue par la famille T. étaient toujours vivaces. Or, cette «fameuse» descente a été restituée à la circulation sans qu'il soit tenu compte de son passé… sulfureux. S'agit-il là d'un simple cas d'amnésie de l'administration ou d'une négligence qui ne dit pas son nom ? L'avenir le révélera sans doute. Quant aux habitants de la cité Laloum, parce qu'ils doivent quand même garer leur véhicule quelque part, ils sont obligés pour rentrer chez eux de faire un grand détour, d'emprunter ce qui fut il y a une semaine un sens interdit.