Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi La production nationale va encore faire parler d'elle à l'occasion de la tenue de la 43ème Foire internationale d'Alger. Le contexte est là. Les exportations hors hydrocarbures sont toujours insignifiantes. La qualité demeure un défi à relever pour les opérateurs économiques. Ces derniers doivent aussi faire face à la concurrence loyale et déloyale des entreprises étrangères qui ont choisi le marché algérien pour l'écoulement de leurs produits. L'informel revient aussi tel un leitmotiv dans la bouche des producteurs algériens. D'autres défis sont à relever, notamment la mise à niveau des unités de production, la formation des ressources humaines mais également l'amélioration du produits et pourquoi pas le design qui, souvent, reste le seul obstacle des opérateurs économiques algériens. Près de 400 entreprises ont élu domicile à la Safex, pendant une semaine, pour faire connaître leurs produits et nouer des contacts avec des sociétés étrangères qui activent dans le même domaine. Cette année, le produit national s'est taillé la part du lion en termes de superficie. Les 368 entreprises publiques et privées algériennes ont occupé, en effet, 34 000 m⊃2;, soit les deux tiers de la superficie globale de la foire. Les visiteurs ont pu ainsi voir de près le produit national dans plusieurs secteurs tels que le textile, l'électroménager, l'agroalimentaire, l'industrie, l'ameublement, l'électronique, les véhicules industriels et agricoles, etc. En un mot, les entreprises privées et publiques algériennes commencent à toucher à tous les secteurs, même les plus complexes. Ceci pour dire que l'amélioration de la qualité du produit n'est plus un sujet de débat pour certains opérateurs. Mais où réside donc le problème de ce produit local souvent ignoré et mis à l'index ? Les représentants des différentes entreprises sont unanimes quant à l'existence de certaines contraintes administratives et bancaires. La bureaucratie reste ainsi l'un des obstacles des entreprises pour bon nombre de opérateurs. Ils ne cachent pas d'ailleurs que, sur ce point, les choses évoluent lentement. Un représentant d'une entreprise activant dans le textile estime dans ce sens que, «pour importer les besoins de notre unité en matières premières, il nous faut parfois attendre des mois…» Ce qui est, à ses yeux, un handicap et un frein pour la bonne marche de l'unité. Quant à la qualité du produit, notre interlocuteur est catégorique. «Nous avons un produit d'une très bonne qualité et nous n'avons pas peur de la concurrence loyale», tranche-t-il, notant au passage que les produits asiatiques -chinois particulièrement- sont un véritable raz-de-marée qui menace le tissu industriel local. Ce dernier pense que ces produits contrefaits venant de Chine sont derrière ce phénomène de l'informel qui menace tous les secteurs. M. Nadji Tir, délégué commercial d'une entreprise de fabrication de chaussures, basée à Sétif, est du même avis. L'informel reste toujours une menace sérieuse pour le produit local. Il affirme en fait que même ses chaussures fabriquées en Algérie ont été touchées par la contrefaçon. Evoquant la situation de l'entreprise, il a indiqué que cette unité qui dépendait auparavant de l'entreprise nationale Sonipec a été rachetée par un opérateur privé en 2002. Elle emploie actuellement 80 personnes et arrive à produire environ 600 paires de chaussures par jour. Selon le représentant de cette entité, seul le problème de la distribution se pose actuellement. «Nous n'avons pas un réseau de distribution fiable et c'est pour cela que notre marque est mal distribuée sur le marché», reconnaît-il. Somme toute, les opérateurs rencontrés en marge de la foire sont satisfaits de la qualité du produit local. Certaines entreprises ont déjà réalisé des opérations d'exportation vers plusieurs pays d'Afrique notamment. D'ailleurs, sur ce point, les experts ne cachent pas que le continent africain pourrait être un marché important pour les entreprises algériennes. Les exportateurs algériens sont appelés à bénéficier des avantages et facilitations accordés par un bon nombre de pays africains pour conquérir ce marché «promoteur mais jusqu'à maintenant méconnu», avait affirmé le consultant au cabinet international Plus-consultants, Frédéric Elbar en marge de la FIA. Il énumère notamment une fiscalité incitative, des exonérations allant parfois jusqu'à 100%, un système juridique «harmonisé» concernant, notamment, le code de commerce et celui des affaires, mais, surtout, «un système douanier uniforme» à travers près d'une vingtaine de pays de l'Afrique australe. Cet expert a indiqué que la Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique australe (CEMAC) et l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA), sont les plus importantes institutions régionales du continent africain à avoir adopté ces facilitations. En outre, les pays membres de ces organisations n'imposent aucune contrainte normative quant aux biens importés, ce qui constitue, selon lui, un autre atout dont les exportateurs algériens devraient tirer profit pour investir ce marché «porteur et proche» de l'Algérie. D'après les données de M. Elbar, certains produits classés comme «biens de première nécessité» par les pays de la région subsaharienne et australe comme les engrais, la farine, le riz et les produits pharmaceutiques sont totalement exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).