Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi La Foire de la production nationale a été inaugurée, mercredi dernier, par le ministre du Commerce, M. El Hachemi Djaboub. Cet événement annuel apporte son lot de surprises. Il s'apparente chaque année à un test pour la production nationale. Tous les secteurs y sont représentés. De l'agroalimentaire à l'industrie en passant par l'électroménager, le textile, l'ameublement, la décoration, l'énergie, le BTPH, les matériels pour collectivités, la mécanique, la sidérurgie, la métallurgie, les services, etc, on peut trouver un peu de tout. En un mot, tout ce qui est produit localement est exposé. L'Algérie, aujourd'hui, aspire à faire des entreprises publiques économiques des champions nationaux. Elle mise aussi sur le privé qui commence à faire ses preuves dans certains domaines. «Là où l'occasion est offerte», précise-t-on. Cette foire, organisée depuis 1984, est devenue le rendez-vous incontournable de bon nombre d'opérateurs qui espèrent y trouver des occasions de promouvoir leurs produits, de les faire connaître et, pourquoi pas, de les vendre. Qu'elles soient publiques ou privées, certaines entreprises n'hésitent nullement à montrer leurs charmes, leurs nouveau-nés, leurs exploits mais, est-ce suffisant pour dire que nous sommes sur la bonne voie ? Aujourd'hui, l'Algérie, dans toutes ses catégories, est plus que consciente. «Nous importons tous nos besoins et nous dépendons énormément de l'étranger. Il suffit d'un petit crash pétrolier pour voir la crise s'installer durablement dans les quatre coins du pays», dit le commun des Algériens. D'autres rétorquent que «sans le produit national, l'avenir est plus qu'incertain, particulièrement pour les générations futures». Ce qui nous amène à dire que l'économie du pays doit être entre les mains des Algériens, bien qu'un appui de l'étranger soit primordial. Certes, des opérateurs privés ont pris à bras-le -corps le développement de certains créneaux tels que l'électroménager, l'informatique, la production pharmaceutiques, etc. Toutefois, il est difficile de dire que nous avons atteint des proportions satisfaisantes. Des étapes considérables ont été faites. «Une évolution palpable est visible sur le terrain, cependant, beaucoup reste à faire», assurent de nombreux opérateurs. Un industriel, rencontré en marge de la foire, nous disait que «l'Algérie mérite mieux que la situation actuelle». Visiblement déçu du taux de participation, il n'a pas caché son désappointement. «Il y a eu un désintérêt de la part des opérateurs économiques», a-t-il confié. Oui, le nombre d'entreprises qui ont tenu à être présentes à la foire est minime, mais quelles sont les causes de cette situation ? Notre interlocuteur, qui n'arrivait pas à cacher sa déception, a tenté tant bien que mal d'expliquer son appréciation. «Les frais de participation sont élevés, du moins pour une partie des entreprises de taille moyenne», fait-il remarquer. Il recommande, pour y remédier, de prendre en considération cet aspect important à ses yeux. «Cette année, je peux dire que les frais ont doublé», affirme-t-il. Malgré cette situation, cet industriel n'a pas voulu dramatiser les choses. «Côté production, nous n'avons pas à rougir devant les Français, les Italiens ou les Espagnols», se réjouit-il. «Notre produit est capable de faire face à la concurrence même au niveau international. Je peux dire même qu'on produit mieux que les autres», assure-t-il. Un gérant d'une entreprise spécialisée dans l'ameublement abonde dans ce sens. «Notre problème est le made in là-bas», ironise-t-il. Plus explicite, il nous dit que «les Algériens s'intéressent à tout ce qui nous vient de l'étranger. Cette mentalité qui commence à disparaître aujourd'hui a porté un coup dur au produit national», estime-t-il. Cependant, notre locuteur juge que les Algériens ont compris que ce «made in là-bas» n'est pas forcément de très bonne qualité. «Nos concitoyens sont certains que le produit de leur pays est de qualité.» Malgré cette analyse optimiste, cet industriel n'a pas oublié de parler des différentes tracasseries que rencontrent les producteurs. Il cite particulièrement l'informel, la concurrence déloyale et le manque d'expérience perçu chez bon nombre de producteurs. Dans la même logique, un exposant spécialisé dans la mécanique évoque la nécessité de mettre à niveau les entreprises et de créer des pôles industriels où la complémentarité pourrait faire des miracles. A ses yeux, «certains industriels sont complètement perdus dans leurs unités de production». En d'autres termes, cet industriel parle de l'absence de pôles spécialisés. «Parfois, il m'arrive de chercher des sous-traitants pour la fabrication d'une pièce et je ne trouve dans mon environnement personne», regrette-t-il. Selon lui, «pour mettre en place une industrie à part entière, tout un environnement d'entreprises ; spécialisées devrait voir le jour et l'exemple, pour moi, c'est l'industrie automobile. La construction d'un véhicule nécessite l'effort de toute une forêt d'entreprises, alors que dire des autres créneaux industriels», s'interroge-t-il. De nombreux producteurs algériens partagent la vision de cet industriel, mais d'autres préfèrent soulever cette calamité appelée «bureaucratie». Certains exposants à la foire ne mâchent guère leurs mots en soulevant ce problème qui persiste. «Imaginez un industriel qui passe des journées entières à faire la queue pour retirer un document administratif. C'est inadmissible», tonne un représentant d'une entreprise qui active dans l'agroalimentaire. Selon lui, «sous d'autres cieux, le seul souci du producteur est le perfectionnement de la qualité de son produit». Somme toute, les producteurs algériens affichent un optimisme particulier quant à l'amélioration de la qualité de la production nationale mais préfèrent garder les pieds sur terre. Bien qu'une amélioration du climat général soit perceptible, ils pensent que d'autres étapes les attendent. Car, si pour certains l'objectif est atteint en ciblant le marché local, d'autres veulent aller un peu plus loin en cherchant à exporter et à conquérir d'autres marchés.