L'Afrique du Sud nombril du monde ! Eh oui ! Il n'y aucune exagération dans le propos, le pays cher à Nelson Mandela et son peuple, un peuple pour lequel il a payé le plus cher tribut, vivant dans un ergastule trente dures années de sa vie. Mais tout cela n'est plus que triste cicatrice couronnée toutefois par le plus grand acquis de l'histoire, à savoir le bannissement à jamais de la plus primitive des ségrégations raciales de l'humanité matérialisé par la chute de l'apartheid grâce à un homme qui, initialement, aux yeux de l'ensemble de la planète, a réhabilité la condition humaine de ses compatriotes particulièrement et de l'homme de couleur en général. L'aura politique personnelle de Nelson Mandela et sa dimension humaine hors du commun ont très certainement pesé dans le choix de la FIFA de confier l'organisation du Mondial de football à l'Afrique du Sud. Pour la simple raison que, comme pour tout ce qui relève du droit de l'individu et notamment dans le domaine du sport où les principes de l'olympisme ne se suffisent pas de la différence de couleur, de race, de religion, les différentes institutions n'étaient plus en mesure de contenir leur honte face à la grave ségrégation qui particularisait l'Afrique du Sud. Le régime de Pretoria et le pouvoir de Botha avaient alors commencé à constater leur isolement. L'interdiction des Springs Books, orgueil de la... blanche nation, à participer à toute compétition en dehors de son territoire allait rapidement servir d'effet d'entraînement à un ostracisme mitigé certes quant à la réelle modification du paysage sur lequel il pouvait déboucher mais porteur effectif d'une nouvelle vision en ce sens qu'il prenait un contour éminemment... politique. La Coupe du monde en Afrique du Sud. Il est normal que la FIFA l'organise sur un continent qui ne se différencie en rien des autres au nom des dispositions statutaires universelles de la charte olympique. Ce qui n'en constitue pas moins à l'évidence l'une des plus grandes avancées de l'histoire du football. Mais il est tout aussi vrai qu'une telle décision n'appartient pas au seul fait du prince ou encore à la concession du maître au sujet mais aussi et surtout à une évidence, celle qui consiste à admettre que le continent africain est devenu, en fait il l'était déjà il y a bien longtemps, le berceau du football et celui d'incontestables talents naturels. Sauf que dans la réalité il a été institutionnellement et intentionnellement brimé, étouffé par la pesante et répressive tutelle du colonisateur. Salif Keita, N'joléa, Mekhloufi, Benbarek, Kermali, Akesbi avaient été un bonheur pour les yeux des spectateurs européens il y a cinquante années déjà, Madjer et Assad le seront à leur tour tandis que Saïfi, Mansouri et Belhadj, Drogba, Eto'o, Essien le sont actuellement. L'Afrique du Sud, c'est d'ores et déjà un antécédent sur lequel la FIFA ne pourra plus revenir et n'aura plus à revenir. Le Mondial 2010 sera une réussite, c'est une certitude même sur laquelle anticipe l'ensemble des acteurs impliqués. Et justement, c'est parce qu'il s'annonce comme une réussite dont tout le continent aura à s'enorgueillir, qu'il appartient à ceux qui en font partie d'en récolter les dividendes en se préparant, pourquoi pas, à postuler, à démarcher, et faire en sorte d'apporter les arguments que l'Afrique du Sud a présentés pour obtenir à leur tour l'organisation et l'accueil d'un rendez-vous de cette dimension. Les Sud-Africains, quoiqu'ils ne l'aient été qu'en raison d'une ségrégation ignominieuse et inqualifiable, ont gagné leur statut d'hommes, voire ont ravalé aux oubliettes ce statut de sous-individus que la minorité raciste leur a de tout temps fait porter, ont obtenu le privilège en tant que pays africain d'organiser le Mondial. Pour ce faire, ils se sont engagés à être au diapason, ils le sont et il n'existe aucune raison pour qu'un autre pays du continent ne sorte pas des rangs à son tour et fasse part de son intention d'y aller. C'est un Droit. Et un Droit ne s'acquiert pas... il s'arrache. Il faut seulement y mettre et le fond et la forme. Autrement dit, pour les gouvernements en place, vraiment se consacrer à développer chacun son pays et pour leurs peuples d'y contribuer. Jusqu'ici, les pays africains n'ont fourni d'eux qu'une image d'Epinal : coups de force, corruption pour les uns, paresse, délinquance pour les autres. A. L.