Le sélectionneur de l'équipe d'Angleterre, Fabio Capello, a perdu patience mercredi dernier face à la presse britannique, à laquelle il reproche d'être trop intrusive à quelques jours du début de la Coupe du monde de football. Peu avant une séance d'entraînement, le technicien italien s'est emporté contre des photographes qui pointaient leurs objectifs vers les vestiaires situés à côté du terrain du Royal Bafokeng Sports Campus. «Pourquoi vous faites cela, pourquoi vous prenez des photos des vestiaires ?» a-t-il crié. «Non, pas d'excuses. Où vous croyez-vous ? Ce n'est pas la Grande-Bretagne ici !» Le coup de sang du sélectionneur a agité le microcosme des journalistes qui suivent l'Angleterre en Afrique du Sud. Et cela a beaucoup amusé l'attaquant anglais Joe Cole : «C'est le lot commun des footballeurs aujourd'hui. Mais je pense qu'il y a quelques gars ici qui aimeraient voir quelques-uns [des journalistes] se faire manger par des lions.» Sitôt l'incident clos, le sélectionneur a indiqué avoir décidé l'équipe qui entamera le Mondial 2010 contre les Etats-Unis aujourd'hui à Rustenburg (groupe C). «Oui, j'ai décidé. Je sais», a déclaré Capello à la BBC après avoir mené ses joueurs sur un parcours de golf. «Je connais les onze joueurs qui vont commencer le match, et j'espère que, dans les deux prochains jours, lors de l'entraînement, ils vont rester opérationnels». La principale incertitude concerne le gardien, le portier de West Ham, Rob Green, qui semble tenir la corde devant Joe Hart et David James. Capello devrait ménager son milieu défensif Gareth Barry, qui vient de reprendre l'entraînement collectif après s'être remis d'une blessure à une cheville. Le capitaine Steve Gerrard devrait prendre sa place dans l'axe, ce qui entraînerait la titularisation de Joe Cole à gauche. L'Angleterre, qui aborde en favorite son premier match, devra gérer le défi physique des Américains à Rustenburg et la pression imposée par une nation qui attend un sacre. La sélection aux Trois Lions est constellée de stars quand les Américains n'ont qu'un joueur pouvant prétendre à ce statut (Landon Donovan). Mais le ciel n'est pas sans nuages pour l'équipe de Fabio Capello, qui n'a plus livré un bon match depuis septembre : une préparation médiocre, la blessure de l'arrière central Rio Ferdinand remplacé par Ledley King dont le genou menace de lâcher à chaque instant, l'absence d'un gardien de haut niveau. S'il devait laisser quelques jours supplémentaires à Gareth Barry pour se remettre d'une blessure à une cheville, Capello serait contraint d'associer dans l'axe Frank Lampard et Steven Gerrard, un partenariat qui n'a jamais fonctionné et qui laisse l'Angleterre vulnérable sur les contres. Or, ce secteur est l'un des points forts des Américains, qui disposent de joueurs rapides, comme Clint Dempsey, Robbie Findley et surtout Landon Donovan, dont le duel avec Ashley Cole sera une clé du match. Très inférieurs aux Anglais en termes de technique, les Américains tableront sur une organisation et une condition physique impeccables. Pour garder leurs chances, les Américains devront remédier aux errements défensifs apparus en préparation. Leur équipe est animée d'une immense motivation. Elle rêve d'infliger un revers à ses lointains cousins d'Europe dont elle supporte mal la condescendance persistante quand il s'agit de «soccer». Les partenaires de Donovan veulent s'inspirer d'un précédent : en 1950 au Brésil, une équipe d'amateurs américains avait pris le meilleur sur les superstars anglaises (1-0) lors du seul duel en Coupe du monde. S'il demeure, l'écart entre les deux nations est aujourd'hui bien plus faible…