Photo : M. Hacène De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Aujourd'hui, les Oranais quitteront leur habit de travailleur, de chômeur, de retraité ou d'étudiant pour endosser le vert de l'équipe nationale de football qui affronte la Slovénie. «Il n'y aura que des supporters dimanche à Oran. Personne n'ira travailler et nous serons tous derrière les écrans de télévision», entendait-on un peu partout, la semaine dernière. Pour ces milliers de supporters qui ont paré la ville de centaines de drapeaux et ressorti les étendards géants qu'ils ont accrochés aux façades des immeubles, rien ne se passera avant le match d'ouverture de la bande à Saadane : «Cela fait 24 ans que nous attendons ce jour, je me suis donc arrangé pour prendre un congé afin de suivre tous les matches des Verts, indique un quadragénaire qui garde toujours en mémoire les frustrants parcours de l'Algérie en Espagne et au Mexique... Même si je n'attends pas de miracle cette fois-ci, la qualification dans les conditions que l'on sait est une prouesse en soi.» Lorsqu'on se remémore l'atmosphère de novembre dernier et les réactions des Oranais et Oranaises à la fin des trois rencontres algéro-égyptiennes, on peut affirmer sans risque de se tromper qu'il y aura plus de monde devant les écrans de télévision que dans les bureaux ou dans la rue : «Peut-être qu'il y aura deux ou trois employés dans les mairies ou à la wilaya, prévoit ce fonctionnaire. Mais tout le monde sait que les hiérarchies se montreront très souples un jour comme celui-ci, l'essentiel étant que les Verts honorent le pays.» Dans plusieurs administrations, les employés se sont entendus pour ne pas se rendre au travail ce jour-là, les plus consciencieux ayant décidé de quitter les bureaux en fin de matinée : «Je sais que mes supérieurs quitteront le boulot avant midi et ne reviendront pas, sourit une secrétaire au sein d'un établissement financier. On peut donc penser que tout les employés partiront aussi avant l'heure, ce qui n'est pas plus mal puisqu'à l'évidence, tout les Algériens veulent suivre le match.» Il est vrai que les discussions et les intérêts algériens tournent presqu'exclusivement autour de l'équipe nationale, l'état physique et mental des joueurs, l'identité du onze rentrant, les choix tactiques de Saadane, les probabilités de battre la Slovénie et de tenir tête aux Anglais et Américains… bref, des chances des Fennecs de passer (enfin !) au 2ème tour. Et si les spécialistes nourrissent quelque inquiétude à propos de certaines questions comme la faiblesse du compartiment attaque (un seul but marqué en trois matches de préparation), la rentrée (prématurée ?) de Hassan Yebda - qui sort de blessure - face à de très physiques Slovènes, la blessure de Antar Yahia et de certains choix tardifs du coach, les supporters Oranais se disent confiants en l'orgueil des Algériens : «Ce sont des lions et ils se battront jusqu'au bout, comme ils ont su le faire en éliminatoires, dans leurs rencontres face à l'Egypte et lors de la coupe d'Afrique.» La rage de vaincre les notoires guerriers du désert (qui est aussi la marque des Slovènes) comblera-t-elle les lacunes techniques et mènera-t-elle au deuxième tour ? C'est ce que souhaitent les Oranais dont beaucoup se préparent d'ores et déjà à faire la fête.