Née en 1947 au Mali, Aminata Traoré, jeune Africaine aux idées rebelles et grande opposante aux fatalités et idées reçues, s'est imposée sur le devant de la scène politique et culturelle africaine pour porter au plus loin la voix non seulement de son peuple et de son pays mais de tout le continent. Auteure de plusieurs ouvrages sur le continent noir et grande amie de la jeunesse, cette femme atypique contribue activement au développement de toute l'Afrique. Ayant débarqué en Côte d'Ivoire en 1963 pour une visite familiale, c'est là qu'elle rencontre son futur époux. Titulaire d'un doctorat en psychologie sociale en France, Aminata entame sa carrière avec des postes importants en Côte d'Ivoire tels que détachée auprès du ministère ivoirien des Affaires de la femme. Elle occupe également des responsabilités au sein des structures de l'ONU en intégrant un programme de développement dans les communautés défavorisées africaines. De 1975 à 1988, elle s'implique dans des programmes de recherche à l'université d'Abidjan. De retour au Mali, Aminata est nommée ministre de la Culture et du Tourisme, un poste qu'elle occupe de 1997 à 2000. Fidèle à ses engagements envers son continent, Aminata use de sa notoriété pour se faire entendre et réclamer l'attention du monde. En 2005, elle adresse au président français une lettre fracassante dans laquelle elle interpelle la France sur les conditions de vie dans ses anciennes colonies africaines. «Etant donné le poids de la France dans les anciennes colonies et plus particulièrement en Côte d'Ivoire ou sa vitrine en Afrique de l'Ouest, il m'a semblé important de rappeler au président des Français la nécessité de la co-responsabilité. Le traitement des conflits qui déchirent l'Afrique sous le seul angle du tribalisme permet à la France de se dérober, de banaliser les méfaits du capitalisme dans ses anciennes colonies. L'ivoirité n'est en effet que l'une des expressions de l'intolérance qui s'exacerbe avec le chômage, les inégalités et les injustices dont les causes macroéconomiques échappent aux populations. En d'autres termes, l'ivoirité en tant qu'idéologie d'exclusion n'aurait pas vu le jour et bénéficié d'un écho important, n'eût été la désinformation de la population quant à l'essoufflement du modèle économique qui avait fait la prospérité de la Côte d'Ivoire. La mauvaise foi des autorités françaises est compréhensible mais regrettable. Admettre la fin du modèle capitaliste qui a réussi à la Côte d'Ivoire, dans les années 60 à 70, revient à remettre en question le bien-fondé de la présence française en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'Ouest. Ce qui n'est envisageable ni par la France ni par une certaine élite africaine idéologiquement et politiquement dépendante», déclare Aminata Traoré lors d'une interview accordée à France 2. Considérée comme l'une des personnalités africaines influentes, Aminata ne s'arrête pas là et se penche sur les problèmes des jeunes au Mali. Elle fondra plus tard une ONG pour la promotion des arts et cela en impliquant la population malienne. Pour Aminata, le manque de reconnaissance envers sa propre culture contribue directement au sous-développement. «Je suis un écrivain et la base militante sociale, tant au Mali et, plus largement en Afrique. J'essaie de pratiquer ce que je prêche. Il y a un monde de possibilités pour les microréalisations dans le domaine de la culture, la réhabilitation des infrastructures dans les zones défavorisées, y compris les mines, ainsi que la promotion de produits textiles et des œuvres d'art africain», affirme Aminata Traoré. Aujourd'hui, armée de sa plume, elle crie le drame de l'Afrique à travers ses ouvrages dont le dernier est intitulé l'Afrique humiliée. W. S.