La crise entre les deux Corées n'est pas près de connaître son épilogue. Chacune des deux parties continue à proférer des menaces envers l'autre. Hier, le président sud-coréen Lee Myung-Bak a appelé la Corée du Nord à cesser les «provocations militaires irresponsables» alors que les deux pays marquaient hier le 60ème anniversaire du déclenchement de la guerre de Corée (1950-53). Lors d'une cérémonie à Séoul à laquelle des centaines d'anciens combattants, sud-coréens et étrangers, ont assisté, le président Lee a appelé le Nord à présenter des excuses après le torpillage du Cheonan que Séoul attribue à un sous-marin nord-coréen. Le président Lee a également appelé le Nord à «cesser ses provocations militaires irresponsables et à s'engager pour que les 70 millions de Coréens vivent ensemble». Il a toutefois déclaré que l'objectif ultime de la Corée du Sud «n'était pas une confrontation militaire mais une réunification dans la paix». De son côté, la Corée du Nord a choisi ce jour pour annoncer une interdiction à la navigation d'une durée de neuf jours sur une partie de sa côte occidentale, relançant en Corée du Sud les spéculations sur des tirs de missiles de courte portée, ont rapporté hier les médias sud-coréens. «On surveille de près les activités militaires de la Corée du Nord où elle a imposé une zone interdite à la navigation du 19 au 27 juin», a précisé à l'agence sud-coréenne Yonhap un responsable du ministère de la Défense sud-coréen qui a requis l'anonymat. La zone d'interdiction à la navigation est située près de la ville portuaire de Nampo, au nord de la frontière maritime contestée entre les deux Corées située sur la mer Jaune, a précisé Yonhap. Le ministère de la Défense sud-coréen estime que la déclaration nord-coréenne a un lien avec un exercice régulier de tirs d'artillerie mais étudie également si cela ne concerne pas des tirs de missiles de courte portée, indique l'agence Yonhap. Soixante ans après le déclenchement de leur guerre, la péninsule est toujours divisée et séparée par une frontière hautement militarisée tandis que les tensions sont vives après le naufrage d'une corvette sud-coréenne que l'armée nord-coréenne est accusée d'avoir torpillée. Pyongyang, de son côté, a rejeté toute responsabilité dans l'incident maritime survenu le 26 mars et qui a coûté la vie à 46 marins sud-coréens. Mais une enquête internationale a attribué le naufrage du bâtiment de guerre à une torpille nord-coréenne. La Corée du Sud avait formellement saisi le Conseil de sécurité de l'ONU au sujet de l'incident, l'un des plus graves depuis l'armistice de la guerre de Corée en 1953. La Corée du Nord avait menacé de réagir militairement à toute condamnation de l'ONU. Les deux ex-frères ennemis de la guerre froide sont dans une situation anachronique : n'ayant conclu qu'un armistice et non un traité de paix à l'issue de la guerre de Corée (1950-53), ils sont toujours théoriquement en guerre. G. H.