Le ton monte entre les deux Corée, Séoul coupant les «vivres» au Nord alors que Pyongyang plaçait son armée en alerte, mettant le pays sur pied de guerre. La Corée du Nord a brandi la menace hier d'une riposte militaire, accusant la marine sud-coréenne d'avoir franchi sa frontière, tandis que la Chine et les Etats-Unis ont convenu de travailler avec la communauté internationale pour trouver une réponse «appropriée» à la crise. Hier, l'armée nord-coréenne a accusé la marine sud-coréenne d'avoir pénétré dans ses eaux territoriales, menaçant de nouveau le Sud d'une réponse militaire, a rapporté l'agence nord-coréenne Kcna. En dix jours, affirme le Nord, des dizaines de navires sud-coréens ont franchi la frontière, selon Kcna, «une provocation délibérée visant à provoquer un autre conflit militaire en mer Jaune et ainsi pousser vers une phase de guerre». Si ces intrusions se poursuivent, le Nord «mettra en oeuvre des mesures militaires pour défendre ses eaux territoriales et le Sud sera tenu pour responsable des conséquences». Séoul a démenti toute intrusion en territoire nord-coréen, alors qu'un peu plus tôt, Pyongyang avait de nouveau menacé d'une «guerre totale» si de nouvelles sanctions lui sont imposées. A Pékin, la crise, déclenchée par le naufrage fin mars d'une corvette sud-coréenne présumée coulée par une torpille nord-coréenne, selon une enquête internationale, a été l'un des sujets majeurs du «Dialogue stratégique et économique» sino-américain qui s'est achevé hier. La Chine a assuré être «prête à travailler avec les Etats-Unis et d'autres parties», a déclaré hier le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Cui Tiankai. Il n'a toutefois pas précisé jusqu'où la Chine était prête à aller, alors que Pékin n'a pas, en dépit d'appels américains, condamné la Corée du Nord. «Les deux parties croient que le maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne est crucial», a dit le Conseiller d'Etat Dai Bing-guo. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, attendue aujourd'hui à Séoul, avait indiqué auparavant que Washington «allait travailler avec la communauté internationale et nos collègues chinois pour mettre au point une réponse efficace et appropriée». Le président russe Dmitri Medvedev a également appelé à éviter toute «escalade» lors d'une conversation téléphonique avec son homologue sud-coréen Lee Myung-bak. Lundi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré s'attendre à une «réaction rapide» du Conseil de sécurité, espérant que cela aiderait à relancer les discussions sur le nucléaire nord-coréen. La Corée du Sud tente d'obtenir le soutien de la Chine pour imposer des sanctions contre la Corée du Nord. «La Chine semble comprendre le sérieux de la situation», a déclaré un responsable ministériel sud-coréen à l'issue de discussions entre Wu Dawei, émissaire chinois, et le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Yu Myung-Hwan, ce dernier s'activant pour s'assurer d'un soutien international. En Corée du Nord, le numéro un Kim Jong-Il a placé son armée en état d'alerte, a affirmé un groupe de transfuges nord-coréens basés en Corée du Sud, le North Korea Intellectual Solidarity (Nkis). Les services secrets sud-coréens ont indiqué qu'ils vérifiaient l'information. La Corée du Sud a promis lundi de «faire payer» à Pyongyang «le prix» du naufrage de sa corvette Cheonan en demandant de nouvelles sanctions à l'ONU et en suspendant les échanges commerciaux avec son voisin. Ces mesures qui vont fortement peser sur une économie aux abois devrait représenter des centaines de millions de dollars de pertes pour la Corée du Nord qui affichait l'an passé un excédent commercial de 333 millions de dollars avec le Sud, selon un institut de recherches sud-coréen.