Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le lâchage par l'Union de wilaya (UGTA) du syndicat de l'entreprise ArcelorMittal et son appel à la reprise du travail des 6 200 salariés, se conformant ainsi à l'ordonnance du tribunal d'El Hadjar, a précipité les choses au niveau du complexe sidérurgique. En effet, contraint et forcé par cette décision venue freiner l'élan du conseil syndical, en qui croyaient les milliers de travailleurs de l'usine. Smaïn Kouadria a appelé à son tour les ouvriers à rejoindre leurs postes jeudi dernier à partir de 13 heures. Dans la lettre appelant à la reprise et adressée au syndicat d'entreprise, tout en se référant à la décision de justice, le secrétaire général de l'Union de wilaya rappelle qu'il s'agit d'une décision du secrétariat national de l'UGTA et qu'il ne fait que s'y conformer. La réaction du secrétaire général du syndicat d'entreprise ne s'est pas fait attendre puisqu'il a annoncé sa démission de son poste, préférant rester simple membre du conseil syndical. La position de la centrale syndicale dans ce conflit était prévisible dans la mesure où celle-ci avait dépêché expressément deux de ses hauts cadres «officiellement pour assister le syndicat dans la gestion du conflit avec l'employeur». Comme nous l'avions rapporté dans nos précédentes éditions, cette mesure était déjà une mise à l'écart déguisée puisque logiquement, le syndicat local et à sa tête M. Smaïn Kouadria, connaît mieux que personne la situation qui prévaut au niveau du complexe sidérurgique. Cette prise en main dudit conflit par la Centrale syndicale avait donné lieu à bien des interrogations «Il y a bien eu d'autres interrogations de la part des cadres syndicaux locaux et des travailleurs qui ne comprenaient pas cette intrusion, la dernière grève a duré 9 jours au bout desquels nous avions obtenu gain de cause et il n'y avait pas eu ‘‘d'assistance'' de la part de la Centrale syndicale», répète-t-on dans les rangs des travailleurs, lesquels sont pour la plupart démoralisés, même si l'appel lancé par l'Union de wilaya insiste sur le fait de faire passer l'intérêt général sur celui personnel. «Quelle que soit la situation, nous déclare un groupe de travailleurs du laminoir, nous restons mobilisés derrière Smaïn Kouadria, il nous a défendus et il a toujours été de notre côté et rien que pour cela nous lui resterons fidèles.» Le moral est au plus bas dans les rangs des travailleurs qui ont effectivement rejoint leurs postes et travaillent depuis jeudi dernier. «C'est à contrecœur que nous avons repris, le cœur n'y est plus, nous savons qu'on a en quelque sorte forcé la main à notre secrétaire général qui doit plier et se conformer à la décision du secrétariat national, mais ils auraient pu attendre un peu, la direction était prête à céder. Maintenant la grève est brisée et toutes les démarches suivies n'ont abouti à rien de concret, c'est malheureux», nous confie un travailleur au niveau du haut fourneau. La direction du complexe, elle, avait diffusé un communiqué dans lequel elle précisait que «dans la mesure où le syndicat appelait à la reprise effective de travail à 13 h, le 24 juin 2010, et où toutes les revendications en cours sont considérées closes, des discussions sur les salaires 2011 s'engageront après l'assemblée générale des actionnaires d'ArcelorMittal Annaba qui se tiendra au plus tard début juillet 2010 pour approuver les comptes de l'exercice antérieur.» Evoquant lesdites discussions, le document indique que celles-ci doivent être conclues (échéancier inclus) avant fin 2010 et que le dossier salaire sera en fonction de la performance industrielle et économique de l'entreprise ainsi que de sa fiabilité sociale. Au cours de ces discussions qui seront engagées en octobre 2010, la convention collective d'ArcelorMittal Annaba sera réaménagée de façon à réviser les régimes indemnitaires, les primes de poste, de nuisances d'astreinte… Ce programme de discussions socioprofessionnelles propose que tous les différends soient réglés par la négociation et que, si un désaccord subsiste les deux parties, syndicat et employeur, s'engagent à s'accorder 90 jours supplémentaires avant tout recours externe.