De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Au complexe sidérurgique, l'heure est à l'apaisement et la situation semble retrouver un semblant de normalité suite à la décision de M. Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat d'entreprise ArcelorMittal, de reprendre son poste et de continuer à être auprès des milliers de travailleurs qui avaient appelé à son retour. Smaïn Kouadria avait démissionné après que l'Union de wilaya UGTA eut adressé une injonction au syndicat d'entreprise, le sommant de se conformer à la décision du tribunal d'El Hadjar qui avait ordonné la suspension de la grève et la reprise du travail. Cette instruction avait soulevé un tollé général dans les milieux ouvriers qui avaient très mal pris ce «lâchage» par les instances syndicales supérieures et l'avaient ressenti comme une trahison. Rassemblements devant la direction, manifestations de colère, arrêts de travail, ralentissement de la production avaient caractérisé les journées qui avaient suivi la reprise. Une reprise contrainte et forcée que les travailleurs ont dû accepter la mort dans l'âme. Le problème n'était pourtant pas réglé même si on ne parlait plus de plate-forme de revendications et encore moins de relèvement des salaires puisque le syndicat est resté décapité et qu'aucun des co-élus de Kouadria ne voulait briguer le poste. Cette vacance n'était pas pour arranger les choses puisque, d'un côté, les travailleurs n'avaient plus de chef à la tête du syndicat et que, de l'autre, la direction n'avait plus d'interlocuteur avec lequel elle pourrait dialoguer s'agissant des problèmes courants. D'autre part, la Centrale syndicale avait quelque part perdu le peu de crédibilité et d'influence qui lui restait dans les milieux ouvriers aussi bien à l'intérieur du complexe que dans les autres secteurs d'activité où elle est fortement implantée. Une pétition signée par près de 5 300 travailleurs et qui avait fait le tour des 32 unités et ateliers que compte l'usine a atterri dans les bureaux du syndicat. Celle-ci appelle l'ex-secrétaire général du syndicat à revenir sur sa décision et à reprendre son poste pour continuer à défendre leurs intérêts. Kouadria qui dit avoir été touché par ces marques de sympathie à son égard ne peut que répondre positivement à l'appel de ces milliers de travailleurs. Reste maintenant à savoir si la Centrale syndicale UGTA acceptera de le réintégrer dans son poste comme le souhaitent les milliers d'ex-grévistes, une décision qui sera difficile à prendre parce que lourde de conséquences. En effet, si l'institution de Sidi Saïd confirme le retour de Smaïn Kouadria, ce sera un précédent difficile à assumer dans la mesure où celui-ci aurait qualifié de traîtrise l'instruction ordonnant la reprise. D'autre part, si l'UGTA rejette son retour, elle perdrait encore plus puisque le secrétaire général jouit d'une grande popularité dans les milieux ouvriers pour avoir su mener toutes les négociations et gagné sur plusieurs fronts. Hier, au complexe sidérurgique, la situation n'était pas encore tout à fait claire ; les jours à venir nous en diront peut-être plus.