Le Ghana a réussi à passer au second tour, et a même fait mieux en devenant, samedi soir, le troisième pays africain à atteindre les quarts de finale de la Coupe du monde, après le Cameroun (1990) et le Sénégal (2002). Un sur six : le ratio est très faible pour que l'Afrique fasse encore parler d'elle dans cette Coupe du monde sud-africaine. Et pourtant, le Ghana, que personne ne voyait à l'heure de faire des pronostics sur une équipe africaine qui pourrait éventuellement se percher sur le toit du monde, poursuit son petit bonhomme de chemin. Après avoir évincé, proprement, en huitième de finale une équipe américaine difficile à manœuvrer, les Black Stars ont tous les atouts pour vaincre l'Uruguay en quart de finale. Certes, Diego Forlan et ses coéquipiers sont l'équipe en forme du moment et l'une des belles surprises du Mondial 2010, mais ils ne sont nullement un foudre de guerre. D'autant qu'en face, ils auront une belle équipe du Ghana, sobre, joueuse, équilibrée dans toutes les lignes, à laquelle il manque seulement peut-être encore un peu plus de réalisme offensif. Les Black Stars, qui font honneur à l'Afrique aujourd'hui, ne sont pas là par hasard. C'est une équipe, pour ainsi dire, qu'on a vu grandir. On loue sa jeunesse aujourd'hui, mais on omet de souligner que ces jeunes n'ont pas été découverts à l'occasion du Mondial sud-africain. Une bonne dizaine parmi les 23 sélectionnés sont champions du monde juniors depuis l'an dernier, conduits par leur capitaine André Ayew, élu meilleur joueur du 8ème de finale Ghana - Etats-Unis et qui manquera à son équipe en quarts de finale pour cause de deuxième carton jaune. Ils avaient déjà participé à la Coupe d'Afrique des nations en janvier dernier, atteignant la finale. Et ils ne se sont pas jetés dans la gueule des loups comme ça, puisque bien encadrés par de glorieux aînés comme Stephen Appiah qui avait déjà croisé le chemin du gardien américain Tim Howard lors de la Coupe du monde des cadets en 1995, le libero John Mensah et le gardien de buts Richard Kingson, ce dernier étant présent en sélection depuis la CAN 1996. D'autres joueurs intermédiaires ont déjà l'expérience du haut niveau, tels Asamoah Gyan, John Pantsil ou encore Anthony Annan. Mais surtout, sans véritable star, les Black Stars donnent l'impression d'une équipe homogène, possédant de bons joueurs à chaque poste, y compris les remplaçants. De plus, eux, ils ont eu un vrai renfort de choix avec Prince Boateng, dont le petit frère a choisi les couleurs de l'Allemagne. Ce Boateng ghanéen, comme ses coéquipiers, ne lâche rien, se jette sur tous les ballons comme un meurt-de-faim. Cette rage de vaincre dont font preuve les joueurs ghanéens a manqué à bon nombre d'équipes africaines éliminées. Il ne suffit pas d'avoir une génération en or (Côte d'Ivoire, Nigeria, ,Cameroun) pour atteindre ce niveau ; il faut encore de la stabilité, de la sérénité et de l'envie ! E. G. S. *In Mutations