Les jeunes Egyptiens, qui représentent un quart des quelque 80 millions d'habitants du pays, sont tenus à l'écart par la répression politique et la «culture de la peur», selon un rapport des Nations unies publié dimanche dernier. Le rapport annuel du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) se penche en particulier sur les 18-29 ans. La jeunesse égyptienne pourrait «être une formidable force de développement», note le rapport, si la société et l'Etat les «mettaient en valeur» et leur offraient de vraies chances. Mais, déplore le PNUD, la corruption des autorités, le népotisme, la fraude électorale, l'état d'urgence qui se prolonge depuis des décennies et la répression dissuade les jeunes réduits au silence et muselés par cette «culture de la peur» qui les empêchent de s'engager en politique et de participer au débat réservé aux tenants du pouvoir et à leurs soutiens. Le taux de chômage global en Egypte s'est situé au cours des dernières années autour de 9%, mais touche 40% des 20-25 ans, et 90% des moins de 30 ans, selon le rapport. La publication de ce document intervient après le décès, le 6 juin dernier, d'un jeune homme de 28 ans, Khaled Saïd, interpellé auparavant par la police à Alexandrie, dans le nord de l'Egypte. Les autorités égyptiennes ont affirmé que le jeune homme est mort étouffé en tentant d'avaler un sachet de drogue. Mais, selon la famille du jeune homme, des mouvements d'opposition et des témoins cités par le mouvement de défense des droits de l'Homme Human Right Watch, Khaled Saïd a été battu à mort par des policiers en civil. Selon des témoins, des policiers ont sorti Khaled Saïd, un homme d'affaires de 28 ans, d'un café Internet dans lequel il se trouvait à Alexandrie et ils l'ont frappé dans la rue. En réaction à ce énième dépassement, plusieurs milliers d'Egyptiens, parmi lesquels le chef de l'opposition Mohamed El Baradei, ont manifesté vendredi dernier à Alexandrie, dénonçant la police et arborant des photos montrant le visage ensanglanté du jeune homme. La mort de Khaled Saïd a rassemblé des militants réformateurs et des défenseurs des droits de l'Homme qui affirment que les violences policières sont endémiques dans leur pays. «C'est un message clair pour dire au régime que le peuple égyptien en a assez des pratiques qui sont inhumaines», a déclaré Mohamed El Baradei après la manifestation, en qualifiant la mort de Khaled Saïd de «crime haineux».