Un vent de contestation souffle dans certains cercles sud-africains quant à la «rigidité» de la FIFA lorsqu'il s'agit de protéger son produit : «la Coupe du monde». Des propriétaires de restaurants ou de bars ont été poursuivis en justice rien que pour avoir placardé une affiche faisant référence à cette compétition. L'instance internationale se montre, à cet effet, intransigeante en ce qui est de la défense des intérêts de ses sponsors. «L'Afrique du Sud n'est plus un Etat de droit. En ce moment, elle est dirigée par la FIFA, qui se conduit comme un petit caïd», a d'ailleurs déclaré Tim Burrell, un avocat sud-africain spécialisé dans la propriété intellectuelle, qui défend un industriel ayant voulu produire des porte-clés sur lesquels sont affichés un ballon et un vuvuzela avec la mention 2010. Bien évidemment, les responsables de la FIFA affirment à chaque fois que l'instance est «plutôt souple» dans sa gestion de ce genre d'affaires. En tout état de cause, ce qu'il y a lieu de dire, c'est que la «logique» de la FIFA n'est nullement une surprise et sa rigidité est «annoncée» déjà dans son cahier des charges relatif à l'organisation d'un Mondial. Les responsables sud-africains, en demandant l'organisation de cet événement, savaient à quoi s'en tenir. Le cahier des charges de la FIFA va des problèmes fiscaux jusqu'aux infrastructures de transport en passant par les lois sur la propriété intellectuelle et industrielle. Le moindre détail est mis en évidence. Et la FIFA est, bien évidemment, là pour, en plus de l'aspect sportif amasser le maximum de profits. Des profits qu'elle partage par la suite avec toutes les fédérations membres, du moins celles des équipes participantes, puisque chaque «mondialiste» encaissera une somme d'argent, même s'il est éliminé au premier tour. A titre d'exemple, la Fédération algérienne de football (FAF) touchera environ neuf millions de dollars (environ 80 milliards de centimes). La totalité des primes qu'elle va allouer aux participants s'élève à 261,4 millions de dollars. En plus de ses partenaires officiels (Adidas, Coca-Cola, Emirates, Hyundai Kia, Sony et VISA), la FIFA a conclu des accords de partenariat spécifiques à la Coupe du monde 2010 avec huit sociétés : Budweiser, Castrol, Continental, McDonald's, MTN, Mahindra Satyam, Seara et Yingli Solar, pour un montant total de 1,6 milliard de dollars. Pour dire qu'il y a trop d'argent en jeu. Donc, la FIFA impose des conditions draconiennes dans son cahier des charges qui touchent ainsi même l'infrastructure routière par exemple et les conditions de gestion de la chose commerciale autour des lieux dits «FIFA». On se souvient que, lors du Mondial 2006 en Allemagne, les responsables munichois avaient dû céder aux pressions de l'instance internationale qui exigeait le changement du nom du stade «Allianz Arena» sous prétexte que ce dernier était géré par une entreprise qui n'était pas conventionnée avec la FIFA. Le stade n'a repris son nom qu'après le Mondial. Donc, sur ce plan, il n'y a pas eu «maldonne». Les Sud-Africains, les autorités bien sûr, savaient que la Fifa est intransigeante lorsqu'il s'agit de défendre ses intérêts. Même les vendeurs de cacahuètes sont chassés aux alentours des stades où se déroule la compétition parce qu'«ils ne sont pas conventionnés avec la FIFA». Rien à faire donc. Il est utile de rappeler que l'Afrique du Sud a investi, pour l'organisation de ce Mondial, environ 4 milliards de dollars, soit deux fois les investissements consentis par la France pour organiser la Coupe du monde 1998. Chose due au fait que l'Afrique du Sud avait accumulé d'énorme retards, par rapport à certains pays européens bien sûr, en termes d'infrastructure. Donc, il fallait beaucoup plus d'argent. Ajoutons-y tous les investissements qui ont été faits sur le plan «sécuritaire». Des milliers de policiers ont été recrutés et formés pour cette occasion. En plus du matériel acquis. Certaines sources parlent d'investissement de l'ordre de 100 millions de dollars. Les retombées ? Tout d'abord, les autorités sud-africaines évoquent les 100 000 emplois créés. Des emplois en lien avec la préparation de l'organisation du Mondial. Vont-ils durer dans le temps ? En d'autres termes, l'Afrique du Sud va-t-elle rentabiliser les investissements consentis ? A long terme peut-être. En tout cas, la FIFA est gagnante dans l'affaire. Ses prévisions, pour les bénéfices, s'élèvent à un peu plus d'un milliard de dollars pour l'année 2010. La FIFA sait faire des affaires et surtout protéger ses intérêts. Et cela, tout le monde le sait aussi… A. A. Un bilan carbone 9 fois plus élevé qu'en 2006 Sur le terrain développement durable, l'événement planétaire a été vendu comme le plus polluant de toutes les éditions. Le choix par la FIFA de l'organisation de la grand-messe du football à l'extrémité australe du continent africain laisse à penser que les questions environnementales passent clairement au second plan. Le sport business, c'est «chic» ! Ainsi, les nombreux déplacements en avion des équipes et des supporters pour rejoindre l'Afrique du Sud seraient responsables d'1,9 million de tonnes de CO2 dégagées dans l'atmosphère. Argentine, Brésil, Cameroun, Chili, Côte d'Ivoire, Angleterre, Grèce, Italie, Japon, République de Corée,Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Nigeria, Serbie, Etats-Unis, Uruguay et Afrique du Sud ont annoncé leur volonté de compenser leurs émissions de CO2. Mais l'impact carbone est 9 fois plus important comparé à celui du Mondial 2006 en Allemagne. Le chiffre fait froid dans le dos. Selon le département sud-africain de l'environnement et du tourisme, la «grande fête fraternelle» du football dégagerait l'équivalent de 2,8 millions de tonnes de CO2. Alors forcément, les belles intentions écolos des fédérations et des équipementiers paraissent bien maigres face aux enjeux environnementaux d'une compétition comme la Coupe du monde. Entre autres, on pourra citer les mesures vertes du département de l'écologie en Afrique du Sud : projet de lampadaires publics et de feux de circulation moins gourmands en énergie, «passeport vert» pour encourager les touristes à voyager de manière éthique dans le pays. Bref, des initiatives salutaires mais au final bien loin des réalités carbone de l'événement…