C'est de nouveau la panique à Melouza et à Beni Ilmane. La réplique de magnitude 5 sur l'échelle de Richter de dimanche dernier, dans l'après-midi, a replongé tous les habitants dans l'angoisse. Les sinistrés ont donc renoué avec le cauchemar des premiers jours de la catastrophe qui a frappé durement leur région la semaine dernière. Ainsi, cette énième secousse, qui a fait une vingtaine de blessés, selon des informations diffusées par la Protection civile, a créé dans toute la région une onde de choc considérable. De nombreuses habitations précaires, ayant résisté jusque-là aux multiples secousses précédentes, ont été sérieusement malmenées. Certaines, notamment celles construites en toub, ont même été détruites par la violence de la réplique de dimanche dernier. Le nombre des sinistrés ne cesse, malheureusement, d'augmenter et les secours continuent d'enregistrer sur place plusieurs déficiences. A ce propos, des comités de quartier, contactés hier, ont fait part de leur colère quant à l'indisponibilité persistante des tentes et des kits alimentaires. «Nous avons recensé près de 2 000 familles sinistrées depuis le début de la catastrophe. Toutes ces familles, ayant perdu leurs demeures, dorment dans les champs ou dans les rues. Avec la réplique de dimanche dernier, de nombreuses autres familles ont renoncé à l'idée de rejoindre leurs maisons, dont beaucoup se trouvent partiellement détruites. Tout le monde a la peur au ventre dans notre commune», expliquent plusieurs présidents de comité avec lesquels nous avons pris attache pour nous enquérir de l'évolution de la situation. Nos interlocuteurs, à l'unanimité, ont dénoncé la gestion de cette crise par la wilaya de M'sila. Cette dernière est accusée de faire preuve de graves négligences dans la distribution des tentes et des diverses aides. «A Beni Ilmane, commune la plus touchée, nous n'avons reçu que 650 tentes. Comment peut-on mettre à l'abri près de 2 000 familles sinistrées avec seulement 650 tentes ? Jusqu'à aujourd'hui, nous nous retrouvons avec dix familles partageant une seule tente. C'est inhumain», confient avec rage nos interlocuteurs qui dénoncent au passage un détournement de l'assistance publique au profit de quartiers et de localités qui ne souffrent pas autant que Melouza et Beni Ilmane. «Il y a une terrible discrimination dans la distribution de ces aides. A hai Djabel, hai Djelfa, et d'autres quartiers sinistrés, les tentes arrivent au compte-gouttes. Mais dans d'autres localités environnantes, tout le monde a été servi», notent-ils encore. Selon eux, pas moins de 500 familles ont été inscrites hier matin par les autorités locales, après le constat des dégâts occasionnés par la dernière réplique, sur la liste des sinistrés bénéficiaires de tentes à Beni Ilmane. Or, à la wilaya de M'sila, la cellule de crise mise en place la semaine dernière, censée veiller à la satisfaction des besoins de la population touchée par le séisme, n'a envoyé que 50 tentes. Du coup, des heurts ont failli éclater entre citoyens et agents de l'ordre lors de leur distribution. C'est dire si le climat de tension qui règne sur les lieux du sinistre est en partie alimenté par les incohérences et les incartades des pouvoirs publics. Et pourtant, les autorités locales, à leur tête le wali de M'sila, savent bel et bien que des habitations, déjà ébranlées par le séisme du 14 mai, se sont effondrées dimanche dernier. Il est donc impossible d'ignorer que le bilan des dégâts matériels du sinistre s'est alourdi. Si, à l'heure actuelle, pour les seules structures étatiques, le coût financier des dégâts est estimé à 3 milliards de dinars, l'inventaire des habitations endommagées élaboré par les équipes d'experts n'est toujours pas achevé. Néanmoins, selon plusieurs sources locales, près de 500 habitations ont été classées rouge, alors que le nombre de celles classées orange dépasse les 1 230. Ce qui représente en réalité plus de la moitié des habitations de la commune de Beni Ilmane. Mais, malgré cela, à la wilaya de M'sila, on continue à affirmer que cette catastrophe a fait beaucoup plus de peur que de mal. A. S.