Photo : Riad De notre correspondant à Constantine A Lemili L'été, saison des grands risques. Une saison appréhendée, et cette année plus particulièrement en raison de la conjonction vacances et leur proximité avec le mois de ramadhan que d'aucuns amalgameront, notamment les populations du sud du pays (Biskra, Touggourt et El Oued) habituellement enclines, légitimement, à profiter de certains avantages administratifs dont ils disposent comparativement à celles du Nord. La désertion prématurée des plages et une rentrée scolaire décalée leur permettent de mieux profiter des lieux estivaux, non pas pour le plaisir de la baignade, mais des conditions météorologiques clémentes disponibles sur le littoral. Un été donc autant appréhendé par le citoyen que par les pouvoirs publics dont les responsables à tous les niveaux d'intervention doivent veiller à préserver santé, intégrité physique et cadre de vie à même d'éviter, retour de boomerang, des conséquences souvent dramatiques dont n'auront à en pâtir que les services de l'Etat. Commerce et pratiques commerciales ponctuelles constituent, on ne peut mieux, l'axe le plus important du champ d'activité officielle à l'endroit des populations et qui garantirait jusqu'à la rentrée sociale dans la sérénité voulue. Il est de notoriété publique que durant la saison estivale la nature de la consommation est modifiée par nécessité d'adaptation induisant donc des besoins spécifiques lesquels, à leur tour, induisent une forte demande qui, obligatoirement, favorise des excès. Les produits de consommation, toutes natures confondues, et la chaîne qui les produit sont en 2010, nettement mieux maîtrisés qu'il y a une dizaine d'années. Il n'en demeure pas moins que le minimum n'est pas encore atteint. Preuve nous en est fournie par M. Denni, responsable du service contrôle de la Direction de wilaya du commerce de Constantine «Savez-vous que nous accueillons très favorablement le taux de 34% de produits non conformes disponibles sur le marché ? C'est vrai qu'il semblerait pour le moins anormal de se gargariser d'un tel taux et laisser croire qu'il s'agit d'un important acquis. C'est pourtant le cas et pour y parvenir, sachez qu'il a fallu, durant des années, une stratégie à chaque fois corrigée et améliorée, une intendance en moyens matériels, équipements, infrastructurels et humains exponentielle régulière. » Pour rester au minimum dans ces normes, des instructions émanant de la tutelle ont d'ores et déjà été données pour que soit mis en place un planning de congé annuel rationnel pour l'ensemble des effectifs de la direction afin que «au mois de Ramadhan tous les agents, sans distinction, seront à leurs postes». Pour le cadre de la DCP, la priorité est allée «au contrôle des produits de large consommation au cours de l'été, du mois de ramadhan et en période estivale ; nos services ont d'abord entamé une opération de contrôle des conditions de fabrication desdits produits à hauteur des producteurs réglementaires et réglementés. A ce stade, nous n'avons remarqué aucune anomalie sérieuse de nature à mettre en cause la santé des consommateurs». Ce volet cerné, il appartiendra donc aux services de la DCP «d'assurer» la suite par le contrôle sur le marché. «Evidemment, c'est sur les lieux de commerce que nous parachèverons le dispositif. Initialement, les conditions de transport, de stockage et de préservation de la chaîne de froid pour les produits qui en exigent, c'est d'ailleurs l'essentiel des produits compte tenu de la saison, laits et dérivés, œufs, viandes qui seront les plus ciblés,» soulignera M. Denni. Avec l'avènement de la production industrielle des crèmes glacées et sorbets, la question ne semble pas se poser quant à la qualité intrinsèque du produit sorti de la fabrique, ce sont donc plus particulièrement les conditions de sa préservation qui exigent un contrôle permanent et sévère. «Toutefois, comme il existe encore des commerces qui fabriquent ces produits de manière traditionnelle, c'est forcément la qualité des intrants qui devra être scrupuleusement surveillée», ajoutera-t-il. Qu'en sera-t-il toutefois des souks hebdomadaires sur lesquels la DCP n'a en réalité aucune emprise et dans lesquels il est malheureux de constater que les conditions d'hygiène les plus minimales font défaut, notamment la vente de viande à l'air libre et dont il est difficile de déterminer l'origine et encore moins donc l'état sanitaire de la «bête »? Le poulet, les poissons, les dattes, sucreries et les pâtisseries traditionnelles sont sédimentés de couches de poussière balayée par les vents, cramoisie par le soleil, infestée de mouches, chiens errants…«Effectivement, c'est un sujet très sérieux et, par expérience, nous pouvons vous affirmer la difficulté de nos éléments à intervenir en de tels endroits même accompagnés d'une unité d'agents de l'ordre», concèdera notre interlocuteur. Impensable effectivement d'investir par la coercition un souk dont la tradition est d'avoir ses propres us commerciaux, même si ceux-ci s'inscrivent en porte-à-faux des vraies règles. Faudrait-il alors s'en tenir seulement à une protection immanente, croiser les doigts et attendre que viennent les grands froids pour souffler ? Sans nul doute, cet été ne sera pas plus inquiétant que ceux qui l'ont précédé. Les avancées des différents services administratifs concernés et la prise de conscience de leurs agents étant palpables même si elles restent en deçà des normes minimales. Il faudrait tout aussi dénoncer l'absence de conscience chez le consommateur et celle tragicomique d'associations le représentant par défaut. Enfin, pour le responsable de l'antenne locale du registre du commerce, «tout commerce au titre de n'importe quelle activité doit être réglementé, identifié et authentifié. Jusqu'à ce jour, nous n'avons enregistré aucune modification d'activité. Ce qui ne sera pas peut-être le cas pour le mois de ramadhan, nous verrons cela les semaines à venir. Quant au sujet évoqué, des produits de large consommation sont susceptibles d'être à l'origine de risques, il y a plus particulièrement les fast-foods qui en sont, en raison des produits utilisés, le foyer par excellence. Il en existe 1 760 dans la wilaya de Constantine. Ceci dit, les épiceries dotées de moyens de conservation peuvent également commercialiser des produits exigeant ces conditions .»