Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Les cellules de proximité ont été créées au début des années 2000. L'Etat voulait légitimement réinstaller une solidarité sociale ambiante, remplir sa mission de tutelle morale, physique active sur le tissu social et plus particulièrement au profit des populations plus ou moins vulnérables. Ce qui existait naturellement, c'est-à-dire le réseau social né au lendemain de l'indépendance, était frappé d'obsolescence et devait être réactualisé eu égard à la succession d'événements tragiques et une conjoncture politique inimaginable où tous les repères traditionnels n'étaient plus en place ou n'avaient plus leur place dans une société, laquelle, étrangement, mutait gravement, voire dramatiquement.» Une situation déplorable Tel est le constat fait par un ancien vice-président de l'Assemblée populaire communale (APC) de Constantine, A.H., d'obédience FLN, qui croyait dur comme fer à la possibilité de tout reprendre à zéro à partir de 1999. Tant il paraissait incontestable que le changement, dans la positivité s'entend, était inévitable. Enchaînant, il considérera qu'«il fallait malheureusement tenir compte, sinon ne pas négliger, l'énorme retard acquis et la politique de sape d'une nomenclature qui a investi toutes les travées des institutions publiques et qui, au niveau de la société civile, était parvenue à pervertir toutes les bonnes volontés et en faire ses relais. Associations, comités de quartier et cellules de proximité, toute cette kyrielle d'organisations n'était utilisé que pour rédiger des rapports mensuels préfabriqués alors que l'action sur le terrain était nulle, exception faite des manifestations ponctuelles comme les opérations de circoncision, les fêtes religieuses, le Ramadhan, que les pouvoirs publics finançaient largement tout en mettant à la disposition des parties impliquées tous les moyens matériels et physiques sollicités». Notre interlocuteur de nous expliquer alors que durant près de cinq années et en sa qualité de membre d'une commission chargée d'orienter, suivre et évaluer le travail des cellules de proximité, rien de concret ou du moins qui ait un réel impact ou un retentissement sur la situation individuelle et personnelle des populations sur lesquelles était projetée cette stratégie n'était visible. «Sauf peut-être le couffin de Ramadhan et encore je passerai sur les fabuleux dysfonctionnements qui caractérisaient l'action. Bien évidemment, le branle-bas de combat engagé lors des circoncisions n'est que le prolongement, quelque part, de ce type d'action où tout le monde donne l'impression de bouger et de fournir une activité quantifiable», soulignera l'ancien élu. Instrumentalisation et récupération Il est de notoriété publique que les cellules de proximité, à l'instar des comités de quartier, ont surtout servi de caisse de résonance à des formations politiques, voire à des institutions officielles, à des moments donnés, comme lors des événements électoraux, toutes natures confondues, et ce, rien que pour donner le change et surtout l'image d'une société qui «bouge». A Constantine, elles n'ont jamais activé et ont été plus ou moins supplantées par les associations et une multiplicité de coordinations de la société civile roulant chacune pour un pan précis de responsables de l'administration locale. Leur multiplication a donc de fait dilué tout impact mais avec l'avantage de souligner leur inefficacité, pour ne pas dire leur inutilité. «Les cellules de proximité semblent revenir au goût du jour dès lors que le ministre de la Solidarité nationale et de la famille réactualise le sujet et les ressort de la naphtaline. Mais l'histoire étant un éternel recommencement, elles occuperont l'actualité estivale parce qu'il y a le Ramadhan qui arrive et seront passées de mode une fois la rentrée sociale consommée. Il nous semble très peu évident par voie de conséquence que les résolutions du ministre consistant à les départir du train-train habituel puissent être suivies d'effets. Il est clair que pour donner l'impression de casser la routine le ministre de la Solidarité va chercher à innover dans ce secteur comme son collègue va faire exactement la même chose au ministère de la Santé. Mais chassez le naturel, il reviendra au galop», conclura A. H.