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Les travailleurs de l'ONAAPH occupent l'inspection du travail d'Aïn Naadja Les handicapés manifestent leur colère contre une décision du ministère de l'Emploi
C'est une image insolite qui a surpris plus d'un à Aïn Naadja. Et pour cause, au siège de l'inspection du travail de cette banlieue populaire de la capitale, depuis trois jours, des dizaines de travailleurs handicapés bloquent les accès des services de cette inspection censée défendre les droits des travailleurs, mais qui se retrouve cette fois-ci objet de la colère des ouvriers de l'ONAAPH. En effet, ces derniers veulent dire une fois pour toutes leur colère face à ce qui se passe au sein de l'Office national d'appareils et d'accessoires pour personnes handicapées (ONAAPH). Cet office, créé en 1988 pour répondre d'une manière efficace aux besoins matériels exprimés par les handicapés, vit ces dernières années au rythme des conflits sociaux. En effet, de nombreux cadres de l'ONAAPH n'ont pas cessé de relever «les innombrables malversations et agissements illégaux qui sévissent au sein de notre entreprise, qu'une commission d'audit et d'enquête, une fois dépêchée sur les lieux, en dévoilerait facilement les tenants et les aboutissants». Les travailleurs de l'ONAAPH, eux-mêmes des personnes handicapées, n'ont dès lors jamais fait marche arrière pour tenter de sauver leur entreprise, la seule qui leur garantit un gagne-pain dans un pays où la personne handicapée n'est guère respectée dans ses droits et sa dignité. Ainsi, d'une dénonciation à une autre, les travailleurs de l'ONAAPH n'ont, malheureusement, jamais réussi à redresser la barre de leur entreprise, laquelle a commencé à «sélectionner les préjudices financiers suite à des opérations très douteuses», confient sans ambages ces travailleurs. Ces derniers ont fini par être poussés à la porte et en septembre 2009, 138 ouvriers de l'ONAAPH ont accepté de quitter leur poste de travail, l'entreprise étant dans une difficulté financière irréversible, suite à un accord passé avec la direction. Mais cet accord n'a nullement été respecté, expliquent les travailleurs qui ont décidé de recourir à la justice pour revendiquer une fois pour toutes leurs droits sociaux. Toutefois, grande a été leur surprise lorsque l'inspection du travail d'Aïn Naadja leur apprend que leurs P.V de non-conciliation ont été suspendus par le ministère de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Une mesure inédite qui n'a fait que renforcer la colère de ces pauvres travailleurs. «C'est de l'injustice. Nous sommes lésés. Notre entreprise nous met à la rue et les autorités publiques prennent sa défense en nous empêchant de recourir à la justice. C'est parce que nous sommes des handicapés qu'ils nous infligent de tels traitements. Mais, croyez-moi, nous n'allons pas nous taire. Nous continuerons chaque jour à occuper le siège de l'inspection du travail. Notre dignité ne sera jamais bradée», proclame avec beaucoup de force un porte-parole de ces travailleurs déterminés plus que jamais à aller jusqu'au bout de leur combat. A. S.