Dans une conférence de presse tenue il y a une quinzaine de jours, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, avait affirmé que l'Etat allait mettre tous les moyens nécessaires pour subvenir aux besoins des opérateurs économiques et des agriculteurs. Et cela dans le but d'assurer une régulation du marché et de mettre fin aux spéculations, notamment à la veille du Ramadhan. Pour ce faire, le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) a été instauré. Ce système, qui est doté de trois milliards de dinars, ne vise pas uniquement à réaliser des opérations conjoncturelles -comme la constitution actuellement d'un stock de régulation de pomme de terre qui a atteint 150 000 tonnes- mais s'inscrit dans la durée et sera appliqué à l'ensemble des produits agricoles, chaque fois qu'une abondance de la production nationale sera constatée. Et à l'approche du mois de carême, le ministère, qui a constaté l'efficacité du Syrpalac dans la régulation du marché de la pomme de terre, a décidé d'élargir ce dispositif, par degré de priorité, aux viandes rouges, à la tomate et aux oignons. Trois produits dont le prix connaît, chaque année à l'approche du mois sacré, une hausse vertigineuse. «Il est inconcevable de constater que le prix de l'ovin varie d'une région à une autre. Notre démarché va donc constituer à créer des stocks en vifs [mouton vivant] et aussi en congelés», avait déclaré M. Benaïssa. Sans plus de précision, le ministre avait fait savoir que ces mesures seraient appliquées quelques jours avant le mois de ramadhan afin de préserver les revenus des agriculteurs et protéger le pouvoir d'achat des Algériens. Il faut rappeler que les importations de l'Algérie en matière de viandes se font de manière ponctuelle (près de 8 000 tonnes de viande congelée sont importés annuellement). Le gouvernement a décidé en mai dernier de suspendre totalement l'importation de viande ovine jusqu'au mois d'août 2008. Une décision saluée par le président de la Chambre d'agriculture, M. Mohamed Cherif Ould Hocine, qui a déclaré il y a quelques mois : «Il y a un excédent en matière de production de viande ovine chez nous puisque la production a atteint 20 millions de têtes. Une situation qui nous pose de grands problèmes en matière de commercialisation.» Selon lui, il y a lieu dans l'immédiat d'entamer une campagne d'abattage de 3 millions de moutons, soit l'équivalent de 60 000 tonnes de viande. «Cette viande sera conservée dans des frigos en vue de sa commercialisation prochainement, et c'est l'Etat qui prend en charge les frais de congélation et les pertes occasionnées.» La production nationale en viande rouge a été estimée à 320 125 tonnes en 2007, ce qui représente plus de 90% de la consommation nationale. L'Algérie est donc en mesure de couvrir ses besoins en viande si le gouvernement arrive à mettre fin à l'anarchie qui règne dans le secteur. Cette nouvelle politique de régulation vise à atteindre cet objectif. D'ailleurs, la mise en place de cet organisme de régularisation vient en réponse à la demande formulée par les éleveurs qui aspiraient à la sécurisation de l'acte de production et la réduction des écarts de prix. Ces derniers ont également appelé à la mise en place d'une politique d'identification nationale du cheptel, la professionnalisation de la filière, l'élaboration d'un plan spécial d'investissement pour la réalisation d'abattoirs modernes et la réhabilitation de ceux existants. La politique de l'Etat va dans ce sens. Il est d'ailleurs prévu, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2008, un Fonds national de régulation de la production agricole qui prendra en charge les intérêts des crédits de campagne octroyés aux éleveurs et aux agriculteurs par les banques pour la réalisation des infrastructures de stockage. Le gouvernement a procédé également à l'institution d'un Fonds spécial d'appui. H. Y.