Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Le temps presse, la période estivale étant très courte, c'est l'opportunité idéale pour inciter le larron. Rarement le jackpot, pour les escrocs, n'aura été aussi facile en ce sens que les chefs de famille ne veulent pas hypothéquer les vacances de leurs enfants, notamment ceux qui sortent de la galère d'une année scolaire harassante, mais également les femmes au foyer qui n'hésitent pas à happer au vol n'importe quelle proposition des agences de voyages pour prendre option d'une destination qui peut s'avérer parfois un véritable mirage. Du moins pour les conditions d'accueil vantées au téléphone ou de vive voix au niveau de l'agence. Le mal est surmontable parce que souvent réparable, quand il s'agit d'une destination nationale comme une ville côtière à titre d'exemple, mais difficilement rattrapable si la destination de rêve a pour nom la Tunisie. Les séquelles sont tellement marquantes qu'elles pourrissent ce qui au départ devait aider à se redonner un moral. Des agences de voyages proposent des séjours pour familles moyennes dans des villes tunisiennes en bord de mer, à des tarifs défiant l'entendement. Sur les différentes annonces à travers des quotidiens d'information, il est donc question d'un nombre «X» de journées pour un prix «Y». Considérant que de tels avantages ne peuvent être que pour appâter les naïfs, nous avons pris attache avec l'une de ces agences. Et une fois sur place, nous constaterons effectivement que la différence entre les coûts annoncés en théorie et ceux déclamés de vive voix n'est plus un grand fossé, mais la faille de San Andréa. Et le commercial de nous expliquer «le pourquoi de la chose» entre les prix formulés sur l'annonce et l'écart : «Le prix affiché en vitrine ou dans les journaux ne concerne que la première décade du mois de juillet.» Ce que qualifie la réglementation de publicité mensongère. «Non pas du tout, nous en parlons au client quand il se présente sur place», s'en défend notre interlocuteur. Ce qui, en réalité, ne change rien à la situation. Il y a bel et bien publicité mensongère, mais l'entourloupe peut ne pas s'arrêter à ce stade. Un couple nous aborde à la sortie de l'une des agences pour nous dire qu'il est à la recherche non pas «d'une proposition qui nous agréerait financièrement parlant, mais où affleurerait plus l'honnêteté de l'engagement». Le couple en question a un enfant et nous parle d'une expérience vécue au cours de l'été 2008. «Au départ de Constantine, toutes les formalités étaient remplies. A Hammamet, un correspondant de l'agence devait nous accueillir et nous conduire à notre retraite en bord de mer. Nous vous éviterons les détails des écueils de la vadrouille et les vingt heures de temps que cela a nécessaire, car le plus dramatique était de constater qu'une fois à Hammamet, notre vis-à-vis n'était pas sur place et que le numéro de téléphone ne correspondait en réalité à rien». La petite famille passe donc la nuit dans la voiture et appelle aux premières heures l'agence ; l'interlocuteur feint l'étonnement et affirme même être scandalisé, se confondant en excuses et s'engageant à régler le problème en moins d'une demi-heure. Ce sera le cas, son correspondant arrive, donne des explications que le couple ne prend pas la peine d'entendre et encore moins de croire, monte dans leur véhicule et leur indique le chemin à suivre pour rejoindre le «paisible home» vanté par la publicité : «Nous avons visité plus de dix appartements qui nous semblaient désertés dans l'urgence, vu l'état des lieux. Il ne s'en trouvait pas un seul qui pouvait être habité dans les conditions évoquées. La literie était douteuse, les cuisine, salle d'eau et de bain dans un état plutôt catastrophique, pas de climatisation. Alors la vue sur la mer, il fallait évidemment repasser, parce que les appartements étaient tous implantés au milieu d'une cité populaire. De guerre lasse, nous avons opté plutôt pour un studio en moins mauvais état, avec la promesse du correspondant d'être contactés dans les prochaines quarante-huit heures pour être recasés dans de meilleures conditions. Bien entendu, nous avons terminé notre séjour dans ce studio, l'agent n'est plus revenu, sauf le jour où il devait récupérer les lieux et faire l'inventaire. Ils sont des dizaines et peut-être des centaines à vivre, à chaque période de vacances en Tunisie, de pareils déboires. Certains n'en ont cure, mais d'autres prennent la peine de prospecter au cours de leur séjour et rentrent avec un carnet d'adresses plus sûr et, du coup, règlent définitivement la question pour les années à venir.»