Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Où en sont à Constantine les 100 locaux commerciaux dans chaque commune, fruit de l'engagement électoral suivi d'effet par le président de la République ? Ils sont là, bien présents à cheval entre les cités Daksi et frères Abbas mais, toutefois, rideaux baissés depuis leur attribution au début de l'année. La cause ? Le bâti existe mais l'essentiel n'est pas disponible. Par disponible, il s'agit de l'électricité, de l'eau et, éventuellement, du gaz. Une partie des bénéficiaires de ces locaux ont pris attache avec notre journal pour dire leur désespoir et, surtout, leur ras-le-bol d'être en face, chaque jour, de l'inertie de l'administration, du mépris des responsables à hauteur des services communaux et des fins de non-recevoir de la Sonelgaz et de la Seaco. Mlle M. qui fait dans la confection, prenant la parole en premier, dira : «L'essentiel de mon activité comme d'ailleurs celle de mes collègues des salons de coiffure nécessite la fourniture d'énergie électrique pour faire fonctionner les équipements. J'ai ouvert mon local et j'attends depuis le mois de janvier. Je ne peux même pas faire des aménagements pour me préparer dans la mesure où le recours à une perceuse, une ponceuse, en fait, n'importe quel outil demande à être alimenté électriquement. J'avais recouru à la débrouille au début par la rétrocession de courant auprès des commerçants voisins mais cela me revenait trop cher. 500 dinars le jour, presque l'équivalent du loyer mensuel et à côté il fallait dans la foulée respecter l'échéancier de paiement imparti par le prêteur, en l'occurrence la banque.» Si notre interlocutrice réduit ses difficultés à la seule fourniture d'énergie électrique, les propriétaires de salon de coiffure sont, quant à elles, également confrontées à la difficulté de fourniture d'eau, élément indispensable pour l'activité mais aussi à l'évacuation de celle-ci après utilisation. Le système d'évacuation étant plus que disproportionné en raison du diamètre très réduit de la conduite appelée dans un laps de temps très court à être obstruée non seulement par les résidus calcaires mais aussi par d'éventuels autres déchets. Les bâtiments abritant les locaux commerciaux ont été livrés pratiquement en l'état, c'est-à-dire à la limite du gros œuvre, avec de très mauvaises finitions, un badigeonnage plus que de la peinture, des marches non polies, des allées non poncées etc. Mais ce qui a encore plus étonné les bénéficiaires qui ont fait leur «un tiens vaut deux tu l'auras» le jour où ils ont jugé plus opportun de récupérer les arrêtés d'attribution, reste le non-respect de la surface accordée par rapport à la spécificité de chaque activité. Ainsi, Mlle M. qui devait démarrer un atelier de confection nécessitant l'installation d'équipement conséquent a bénéficié d'un local si ce n'est moins grand, au moins égal à celui qui a ouvert un taxiphone. C'est dire. Elle nous dira : «Mieux, en réalité tous les arrêtés sont truffés d'erreur sur la localisation réelle du local. Mais nous avons tenu, d'abord, à prendre possession de ces derniers et, ensuite, de voir dans quelle mesure la régularisation pourrait intervenir même si cela est très peu évident.» Question commodités, les locaux sont accompagnés d'une salle d'eau. L'une pour les hommes et l'autre pour les femmes. Bizarrement, les responsables communaux ont remis les clés de la salle d'eau à l'un des commerçants installés mais pas aux femmes pour qui, il est plus gênant, de s'acquitter d'un besoin naturel. A contrario, du fait de l'inoccupation des lieux, les vendeurs à la sauvette et autres marchands ponctuels de fruits et légumes n'hésitent pas à faire leurs besoins sur les huis mêmes de commerces, à l'étage ou sur les marches. Enfin, contactée à cet effet, la Sonelgaz par la voix de sa chargée des relations avec le public nous dira : «En fait, ces locaux sont dotés de toute l'installation électrique voulue. Ce n'est que le raccordement qui n'a pas encore été fait, mais il y a des raisons à cela. L'APC n'ayant tout simplement pas honoré les factures que nous lui avons transmises. Il en sera ainsi tant que la situation ne sera pas régularisée. C'est à notre sens une règle commerciale logique et une démarche cohérente à tout prestataire de service public.» Quant à l'APC, ses responsables sont aux abonnés absents. Le responsable du secteur de la cité Daksi étant en congé, nul n'a été en mesure de nous répondre même par téléphone. L'intérimaire semblant être en général absent d'autant plus qu'un remue-ménage politico-administratif au niveau de l'APC a fait se dissiper tous ceux qui briguent un poste ou craignent de le perdre. Contacté à ce sujet, le SG de l'APC a préféré nous orienter via une secrétaire sur la direction du patrimoine où, là encore, nous n'avons, au téléphone, toujours droit qu'à parler à une secrétaire, laquelle bien qu'elle «gère ce dossier» n'en connaît pas les tenants et les aboutissants. Quant à son responsable, il est, lui aussi, rarement à son poste… «Il faut essayer de rappeler» est une rengaine à laquelle nous avons droit à chaque appel. Alors, mesure présidentielle ou pas, tout le monde s'en moque au niveau de Constantine au moment où les «heureux» bénéficiaires vivent leur désarroi dans la plus grande solitude.