Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Deux milliards et demi, c'est la somme consacrée à la réhabilitation de la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa de Constantine. Est-ce beaucoup, est-ce peu pour une infrastructure publique rarement autant clochardisée, exception faite des salles de cinéma de la ville ? Cette structure est délabrée de l'intérieur, déjà de ce qui fait sa vitrine, autrement dit la salle de spectacles dont les sièges, s'ils ne sont pas éventrés, sont arrachés, ballants sur ce qui leur reste de charnières et pour un bon nombre… inexistants. La salle avait déjà fait l'objet d'opérations de réhabilitation, «de reprises seulement», ont, à chaque fois, tenu à souligner responsables et directeurs de la culture successifs. Les liftings ne duraient pas et les lieux retrouvaient très rapidement leur aspect hideux malgré le velours couleur rubis recouvrant les sièges et qui, paradoxalement, en rajoutait au lugubre. Une austérité dont ils (les lieux) ne sortaient qu'à l'occasion de manifestations politiques, l'atmosphère de kermesse aidant. La maison de la culture était en mesure d'accueillir 720 spectateurs, disposait d'une cabine de projection dotée d'appareils sortis d'emballage, d'un bon système acoustique et surtout son implantation la rendait accessible aux habitants du chef-lieu de commune quel que soit leur lieu de résidence. Elle était tout simplement située en plein centre de la ville, à proximité des différentes stations de bus, des commerces, des jardins publics, de l'ensemble des directions de l'administration locale. A l'heure actuelle, il relève de l'audace d'y organiser une quelconque manifestation même si très souvent les exigences ponctuelles d'une administration qui doit répondre le doigt sur la couture du pantalon à celles (exigences) politiques passent outre le bon sens pour autoriser l'hébergement d'événements «importants» auxquels seul le plus heureux des hasards a épargné un potentiel drame compte tenu de la dangerosité des lieux et de leur non-conformité sur tous les plans et plus particulièrement de la préservation de l'intégrité physique des personnes qui s'y trouveraient au cas où surviendrait un incident. Des incidents, il y en a eu. Si les agents de la maison de la culture en parlent, leurs responsables ne le concèdent qu'à demi-mot tout en minimisant leur dimension. En tout état de cause, de nombreux courts-circuits, résultats d'infiltration d'eau consécutive aux pluies, ont eu lieu en des moments où les lieux n'étaient pas occupés parce que survenus souvent de nuit. Il y a lieu de rappeler que la salle de spectacle du palais de la culture Malek Haddad avait été au tiers consumée suite à un court-circuit électrique survenu de nuit au mois d'août 2007. Cela, quatre mois après sa réception suite, là, à une opération de… réhabilitation. La salle n'avait été étrennée que pour le Festival de jazz de Constantine, Dimajazz, quelques séminaires de pharmaciens, dentistes, notaires et autres. C'est dire si la réhabilitation de la maison de la culture ne peut que bien être accueillie parce qu'une bonne réhabilitation ne ferait que rassurer sur l'avenir de ceux qui auront l'heur de la fréquenter. Quitte pour cela à faire une fixation, rappelons également qu'au cours de l'incendie qui a marqué le palais de la culture Malek Haddad, lequel incendie heureusement a eu lieu après minuit, il ne se trouvait aucun extincteur en état de fonctionnement, le téléphone n'était pas accessible au petit personnel et l'agent de sécurité a dû se rendre à pied à la caserne des pompiers située à 300 mètres pour informer les agents de la Protection civile. Lesquels, comme un malheur n'arrive jamais seul, avaient été mobilisés en masse pour la lutte contre un sinistre de grande envergure dans la forêt de Djebel Ouach. Bien entendu, l'essentiel des moyens de lutte contre le feu se trouvait à… Djebel Ouahch. Le temps qu'arrivent donc les secours, une bonne partie de la salle avait brûlé. Réhabilitée encore une fois, elle sert depuis à abriter les rencontres officielles, rarement les activités culturelles sauf affinités des organisateurs avec les responsables locaux. Une autre salle va être rouverte après réhabilitation et, performance inégalable, sans avoir jamais été utilisée. Il s'agit de la salle de répertoire de la cinémathèque algérienne «An Nasr». Nous y reviendrons.