De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine Chaque individu a besoin de se reposer, se détendre et de profiter de la fraîcheur des plages durant la période des vacances. Si certaines personnes prennent chaque été la direction des villes côtières pour y séjourner, d'autres préfèrent passer leurs vacances à l'étranger. Aujourd'hui, prendre le chemin vers la Tunisie est devenu à la portée de nombreux citoyens de la wilaya de Aïn Defla. Des jeunes et des fonctionnaires se sont déjà habitués à passer leurs vacances dans ce pays voisin qui offre des séjours agréables et à des prix relativement abordables.En revanche, n'ayant pas les moyens de se payer ces séjours en terre tunisienne, ils se contentent des navettes quotidiennes vers les plages des wilayas côtières avoisinantes. Ces navettes sont assurées par des transporteurs collectifs, des taxis, des clandestins, quand on n'a pas la chance de posséder son propre véhicule ou avoir un ami véhiculé. Certaines familles inscrivent leurs enfants dans les colonies de vacances pour leur permettre, au moins, de profiter d'un petit séjour en bord de mer. Les scouts ainsi que quelques associations organisent également des camps de vacances. Les œuvres sociales et les comités d'entreprise de certaines sociétés sont une autre opportunité pour les enfants dont les pères travaillent dans ces entreprises. Certaines sociétés louent des bungalows, même si ce n'est pas tous les employés qui peuvent en profiter. Cependant, malgré ces différentes formules, une grande partie des enfants et des jeunes restent en rade, pour diverses raisons, dont la principale est le manque de moyens et la situation précaire de leurs parents. Cette situation pousse certains enfants à aller chercher la fraîcheur là où ils peuvent la trouver. Et généralement, c'est dans des endroits, pas toujours bien indiqués, pour la baignade et où il n'y a aucune surveillance ni commodités. Ainsi, les bassins utilisés par les agriculteurs sont très utilisés par ces enfants qui n'ont aucun mal à en trouver, puisque la plupart des champs en sont actuellement dotés, car les agriculteurs ont reçu des aides pour les construire dans le cadre du soutien au développement de l'agriculture.D'une surface et d'une profondeur suffisantes pour être transformés en une véritable petite piscine à ciel ouvert, et en pleine nature, ces bassins sont très fréquentés par les enfants de tous âges et particulièrement par les jeunes travaillant dans les champs.Benyoucef, un jeune habitant la commune de Mekhatria, passe de bons moments dans le bassin de leur propriété durant cette période de grande chaleur. «C'est vraiment bien de se baigner dans ce bassin. C'est une eau fraîche, c'est mieux que de partir à la plage où, souvent, il y a trop de monde et pas la moindre place pour s'installer», lança notre interlocuteur avant de poursuivre que le risque de noyade existe pour les enfants en bas âge, à cause de la profondeur de ces bassins. Aussi les grands veillent-ils sur eux. Chacun surveillant son petit frère ou le fils du voisin.D'autres enfants préfèrent les oueds. Dans cette même commune à vocation agricole et à proximité du pont traversant l'oued Chlef, où des travaux sont en cours pour sa réhabilitation, on peut trouver une bande d'enfants qui s'en donnent à cœur joie dans cette partie peu profonde de l'oued. Ils se sont même aménagés des petits plongeoirs. Cependant la qualité de l'eau, qui est loin d'être propre, vu les déversements que reçoit l'oued, constitue un danger réel sur la santé de ces enfants. Un peu plus loin, c'est le barrage de Sidi Ahmed Ben Tiaba relevant de la commune de Arib, qui accueille les bandes de jeunes qui viennent pour s'y baigner.Mohammed, un habitué de ce lieu, trouve que la baignade dans le bassin du barrage est très dangereuse pour les personnes savant pas nager, car il est très profond. «Il ne faut jamais s'aventurer dans ces lieux ; il est très facile de se noyer. Les enfants, inconscients des dangers, sont souvent exposés à ce risque», dira Mohammed.Au niveau de la commune de Rouina où se trouve un autre barrage, la situation est semblable. Mais parce qu'il permet aux habitants de cette région, et particulièrement de celle de Bourached, de se rafraîchir, il est très fréquenté. Certains jeunes préfèrent profiter de la fraîcheur de l'air en s'adonnant aux plaisirs de la pêche. Les amateurs de cette forme de pêche sont nombreux dans ce grand barrage. Le poisson pêché servira à améliorer l'ordinaire ou il est vendu sur la route. Dans la partie est de cette wilaya, d'autres barrages sont aussi fréquentés par les jeunes de différents âges. Celui de Djelida connaît également la même situation dans cette période d'été.Les nombreux jeunes qui préfèrent ces lieux sont issus des familles pauvres n'ayant pas les moyens d'envoyer leurs enfants à la plage. Mais les risques de noyade sont cependant certains. Pour remédier à cette situation, la radio locale ne cesse de sensibiliser la population sur les risques de baignade dans les barrages, bassins, oueds et autres endroits. Mais la sensibilisation contre les risques de décès par noyade dans les barrages et les oueds nécessite l'implication de plusieurs services ayant une relation avec la prise en charge des jeunes. Les derniers chiffres sont d'ailleurs très illustratifs. Depuis le début de l'année, 7 cas de noyade ont été enregistrés au niveau de cette wilaya qui, faut-il le souligner, n'est pas côtière. Ce chiffre devrait pousser à réfléchir sur les mesures à prendre pour contrecarrer ce danger.La Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la wilaya a pris, quant à elle, des initiatives visant l'envoi de plus de 600 enfants dont une grande partie est issue de familles pauvres pour passer des séjours au bord de la mer. Les organisateurs ont prévu un séjour de 15 jours pour ces enfants au niveau des plages de la commune de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipaza. L'encadrement de ces jeunes est assuré par des spécialistes, lesquels sont appelés à surveiller et distraire les enfants qu'ils initient également à différentes disciplines.Toutefois ce programme n'a pas profité à tous les enfants. La seule DJS n'a pas les moyens de prendre en charge tous les enfants. Aussi, nombreux sont ceux qui n'ont pu en bénéficier. De plus, les recensements ne font pas ressortir tous les enfants nécessiteux. Il arrive que des pères de famille perdent leur travail et se retrouvent ainsi parmi les chômeurs, alors qu'au moment des recensements, ils étaient classés parmi les familles non nécessiteuses.