L'intervention des forces spéciales mauritaniennes pour libérer l'otage français aux mains d'El Qaïda avec l'appui logistique de la France et des informations (photos satellite) livrées par les Etats-Unis, au-delà de son échec, remet au goût du jour les principales recommandations de l'accord d'Alger sur la coopération en matière de lutte antiterroriste des pays du sahel. Les pays sahélo-sahariens ont, à l'issue d'une rencontre à Alger, posé les jalons d'une coopération en matière de lutte antiterroriste qui repose, en premier lieu, sur le rejet de tout interventionnisme des puissances étrangères dans la région, sous quelque couvert que ce soit, y compris de lutte contre ce fléau. En vertu de cet accord, les pays de la région ont, rappelle-t-on, convenu de renforcer la coopération régionale de lutte contre le terrorisme, notamment les groupes affiliés à El Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), à travers l'échange d'informations, de formation et d'aide logistique. La stratégie au sein de laquelle ont décidé d'œuvrer les pays du sahel consiste, en outre, à l'échange d'expériences et d'entraide dans les domaines liés à la sécurité régionale. Ils ont surtout convenu de la non-négociation avec les terroristes et du non-paiement des rançons pour la libération des otages en cédant au chantage des terroristes. Un appel est lancé à la communauté internationale à coopérer avec les pays sahelo-sahariens afin qu'ils puissent assurer leur propre sécurité sans aucune intervention militaire étrangère. Cela faisant, les chefs d'états- majors de quatre pays de la région, en l'occurrence l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, ont mis en place, en avril dernier, un comité d'état-major opérationnel conjoint, en exécution d'une réunion tenue les 12 et 13 août 2009 à Tamanrasset. Une réunion de coordination qui avait permis de déboucher sur un consensus sur la lutte antiterroriste, la traque de la contrebande et des réseaux de narcotrafiquants, dans les bandes frontalières où sévissent des groupes terroristes aux activités connexes entre trafic d'armes, drogue et enlèvements d'étrangers. La réunion s'inscrit dans le prolongement de la conférence des ministres des Affaires étrangères des pays de la région sahélo-saharienne qui s'est tenue à Alger le 16 mars 2010. A cette occasion, les ministres des pays sahélo- sahariens, dont l'Algérie, du Burkina Faso, de la Libye, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad ont, après avoir procédé à une évaluation exhaustive de la situation dans la région, souligné la responsabilité des Etats à mener une lutte efficace et globale contre le terrorisme au niveau de chacun des pays, et mis l'accent sur le renforcement de la coopération entre les Etats de la région grâce, notamment à la mise en œuvre des mécanismes et accords bilatéraux, en insistant sur la participation active à l'action internationale de lutte contre le terrorisme. Ils ont, enfin, souligné la primauté du principe de la responsabilité des Etats de la région et leur appropriation de la prise en charge des problèmes et défis auxquels est confrontée la région sahélo-saharienne. A. R.