Le football algérien s'apprête à faire sa profonde mue. Dans quelques jours seulement, on assistera au lancement du premier championnat professionnel. Les clubs de DI et de DII mettent à présent les dernières retouches pour répondre au cahier des charges qui accompagne cette mutation. Les associations concernées sont, en effet, appelées à se transformer progressivement en entreprises. L'amateurisme a parfaitement atteint ses limites. Tout le monde est aujourd'hui unanime sur cet impératif de la professionnalisation. La FAF, les présidents de club et les pouvoirs publics se sont enfin accordés à dire que le développement et la compétitivité du ballon rond national sont intimement liés à l'adoption des méthodes et des standards qui prévalent dans les grandes nations du foot. Les critiques et les observateurs sont également d'avis à exiger des comptes aux managers qui, actuellement, usent et abusent de subventions publiques et de recettes publicitaires se chiffrant en milliards de dinars.Ayant conscience de la profondeur de cette conversion, les pouvoirs publics ont adopté une batterie de mesures pour aider les sociétaires de l'élite nationale à réussir ce passage. Concrètement, l'Etat algérien accorde aux intéressés un prêt de 100 millions de dinars avec en bonus un taux d'intérêt symbolique et une période de grâce de 10 ans, la concession d'un terrain pour l'édification d'un centre d'entraînement qui sera, à son tour,financé sur les derniers publics à hauteur de 80%. On ne peut rêver plus ! La démarche a de quoi charmer nos clubs qui se morfondent dans la médiocrité et le bricolage depuis des décennies. En mettant le paquet pour accélérer cette salutaire métamorphose, la tutelle met de facto toute les formations devant leurs responsabilités. A partir de ce moment, les clubs cesseront d'être des gouffres financiers. Ils deviendront à moyen terme des contribuables. L'aide publique ira ensuite aux amateurs et aux formateurs. La présidence de la République, qui accorde un intérêt particulier à ce projet, s'est engagée à mettre tous les moyens nécessaires à leur disposition pour le renouveau de cette discipline qui compte des millions de fans à travers le pays. La maturité passe évidemment par cette inévitable restructuration. Dans un communiqué publié en début de semaine, la FAF annonce avoir déjà reçu les dossiers de candidature de 14 clubs sur les 16 que compte de la DI. Pour la DII, 11 équipes ont déjà effectué les mêmes formalités. Le délai de remise des dossiers, initialement fixé pour la fin de ce mois de juillet, a été prorogé jusqu'au 8 août prochain afin de finaliser cette première étape. Un premier bilan qui illustre l'intention des clubs à s'inscrire résolument dans cette démarche. Mais l'intention, à elle seule, n'assure pas le succès tant souhaité. Pour prétendre au statut de SPA (société par actions), les clubs de l'élite (DI et DII) sont sommés de «révolutionner» leur mode de gestion. Ils doivent notamment moderniser leur management pour s'inscrire définitivement dans la modernité. La finance, la comptabilité, la communication et le patrimoine sont autant de portefeuilles qui doivent, désormais, échoir à des compétences dûment diplômées. L'argent qui, d'ordinaire, circule dans des sachets noirs doit dorénavant emprunter les circuits bancaires. Il appartient, évidemment, à l'Etat d'imposer cette transparence à travers les services du fisc. Là est tout l'esprit du professionnalisme.