En 2010, des familles entières vivent sans eau. Leurs habitations ne sont pas raccordées aux réseaux d'alimentation en eau potable et si c'est le cas, elles n'en reçoivent que rarement. Des citoyens de nombreux quartiers, dans différentes communes du pays, y compris dans les grandes villes dont Alger, s'en plaignent mais leurs plaintes restent sans suite. Ils s'approvisionnent alors à partir de puits et de forages, très souvent non contrôlés par les services concernés. D'autres remplissent des citernes et sillonnent les villages et les quartiers pour vendre l'eau à des prix qui diffèrent d'un vendeur à un autre. Et sans contrôle aucun. Des dépenses qui se greffent à d'autres qui sont déjà assez lourdes. Voilà qui explique l'apparition de cas de fièvre typhoïde et autres maladies dont l'origine n'est identifiée qu'une fois que les victimes arrivent à l'hôpital. Les services du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière subissent la même situation, de façon permanente, malgré leurs appels à la vigilance à travers des campagnes d'information et de sensibilisation organisées partout dans le pays. Les mêmes problèmes et les mêmes risques de cross connexion et donc de maladies à transmission hydrique qui, devons-nous le signaler, coûtent cher au budget de l'Etat. Le ministère de la Santé fait ce qu'il a à faire, en pareille circonstance, en prenant en charge les victimes mais la véritable solution n'est pas là. La solution est dans la prévention des risques de contamination de l'eau destinée à la consommation : interdire l'approvisionnement en eau à partir de puits et de forages non identifiés, empêcher l'infiltration des eaux usées dans les conduites d'eau potable, effectuer un entretien régulier des réseaux d'eau potable aussi bien que ceux de l'assainissement…et veiller à ce que les bureaux de l'hygiène communale fassent correctement leur travail. Sur le terrain, peu de choses sont faites dans ce sens. En effet, si l'on en croit certains citoyens, il y a des quartiers qui ne disposent même pas de réseaux d'assainissement. Quant au travail des bureaux d'hygiène communale, il est presque inexistant pour la simple raison qu'il ne reste de ces bureaux que le nom. Ces bureaux d'hygiène communale n'ont pas les moyens humains et matériels nécessaires pour bien accomplir leur mission et dans de nombreux cas, les agents sont mal payés, mal considérés. Les responsables de l'APC n'accordent pas d'importance à ce problème -se cachant derrière les dettes et le déficit budgétaire de l'APC- et laissent donc faire les choses. Entre-temps, des citoyens continuent de creuser des puits, chercher de l'eau là où elle se trouve même si elle n'est pas bonne à la consommation domestique. Ils portent atteinte à leur santé et celle des autres. Et ce sont toujours les structures hospitalières qui en font les frais. Ceci lorsqu'il n'y a pas mort d'hommes. K. M.