Ce sont les pires incendies de l'histoire de la Russie «en 1000 ans» en raison de la canicule qui frappe depuis le mois de juillet la partie occidentale du pays. Une canicule qui a battu tous les records selon les services météorologiques russes. «C'est un phénomène unique qui ne trouve pas d'antécédent dans les archives, tant en températures qu'en durée, depuis l'ouverture des registres d'observations de la Russie moderne, il y a 130 ans», a relevé le responsable des services météorologiques, M. Alexandre Frolov repris par les agences de presse. Jusqu'à hier, les incendies de forêt ont ravagé près de 200 000 hectares et ont fait 52 morts, selon un bilan officiel. La situation est devenue plus inquiétante d'autant plus que le centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Maïak situé dans l'Oural, à 2 000 km à l'est de Moscou, est menacé par les incendies. Ce qui a poussé les autorités russes à décréter l'état d'urgence autour de ce centre. Une réunion d'urgence est prévue aujourd'hui pour coordonner les efforts des services concernés. Plusieurs autres installations nucléaires russes sont dans des zones à risques. Le ministre des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou, a d'ailleurs demandé dimanche dernier à ses services de redoubler d'efforts autour d'un centre d'armement nucléaire à Snejinsk, situé également dans l'Oural. Même situation au centre nucléaire de Sarov, à 500 km à l'est de Moscou où plus de 800 hommes continuent de lutter contre le feu qui fait rage à proximité. Côté sanitaire, les indicateurs sont aussi au rouge avec notamment la multiplication de la mortalité par deux. Le chef du département de la Santé à la mairie de Moscou, Andreï Seltsovski, cité par l'agence de presse Ria-Novosti, a indiqué à ce sujet : «Habituellement, nous avons 360-380 décès par jour, et maintenant environ 700. A titre d'exemple, rien que pour le mois de juillet, les chiffres rapportés par les médias russes parlent d'une augmentation du nombre de décès de 50% dans la capitale russe, soit 14 340 morts, des personnes âgées en majorité, contre moins de 10 000 habituellement.» Face à cette situation alarmante, les autorités sanitaires russes ont renforcé le contrôle des maladies infectieuses. La détérioration de la qualité de l'air et de l'eau dans plusieurs régions a eu un impact négatif sur la santé publique. Un point qu'a souligné hier le chef des services sanitaires, M. Guennadi Onichtchenko, cité par l'agence de presse Interfax. Ce dernier a précisé que les autorités «ont renforcé le contrôle des maladies infectieuses» de crainte d'une poussée d'épidémies et notamment l'apparition du choléra, en raison de signes comme la multiplication des cas de gastro-entérite aiguë et la détérioration de la qualité de l'eau dans 52 des 83 régions russes. Sur le plan économique, de lourdes conséquences sont attendues notamment dans le secteur agricole, plus précisément la filière céréaliculture. Hier, la Russie a encore abaissé de 10 millions de tonnes à 60-65 millions de tonnes sa prévision de récolte de céréales, contre 90 millions de tonnes habituellement, en raison de la canicule qui frappe le pays. Ce sont là les prévisions du chef du gouvernement Vladimir Poutine. «D'après les dernières prévisions du ministère de l'Agriculture, la récolte va s'élever à 65 millions de tonnes, peut-être 60 millions», a déclaré M. Poutine, cité par Interfax. Déjà, la semaine dernière, la Russie avait annoncé une révision à la baisse de ses récoltes à 70-75 millions de tonnes cette année avant de revoir encore hier le chiffre à la baisse. Vladimir Poutine avait également décrété le 5 août dernier un embargo sur les exportations de céréales, pour lesquelles la Russie est habituellement le troisième acteur sur les marchés internationaux. Ce qui a engendré une flambée des prix de cette matière première alimentaire sur le marché international. Dans cette crise sans précédent, la Russie a reçu des propositions d'aide de plusieurs pays sans en demander. Et pourtant, des défenseurs des droits de l'Homme ont demandé, dans une lettre ouverte adressée au président Dmitri Medvedev, qu'il sollicite une aide massive des pays étrangers. «Il faut une opération humanitaire internationale d'envergure pour sauver les vies et la nature», ont écrit les signataires de cette lettre. Pour l'heure, la canicule n'est pas près de s'estomper. Selon les prévisions météo, la vague de chaleur qui sévit sur Moscou doit durer encore plusieurs jours. Les complications vont donc se poursuivre comme c'est le cas au Pakistan où la catastrophe humanitaire consécutive aux inondations qui ont fait plus de 13 millions de sinistrés au Pakistan, est pire «par son ampleur» que le tsunami qui avait dévasté l'Asie en 2004, d'après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. S. I.