Pour beaucoup de Ghardaouis habitant les ksour et les localités urbaines, la période estivale est, par tradition, celle de l'exode annuel des vacanciers en quête d'évasion vers les oasis de la région où se nichent généralement leurs résidences secondaires. Cette transhumance salutaire de détente et de récréation, ce sont les anciens qui l'ont instituée pour servir aussi de ciment aux liens familiaux. Bien souvent, des maisonnettes traditionnelles sont construites dans les palmeraies de la vallée du M'zab, accablées par le soleil mais dans le décor magique d'une nature généreuse, procurant un sentiment de liberté et de convivialité, malgré la chaleur. «Les vacances des Ghardaouis sont marquées par le caractère fortement familial, se traduisant souvent par des regroupements dans la palmeraie de plusieurs ménages d'une même grande famille», explique un universitaire de la région. Elles drainent beaucoup de monde et permettent aux enfants de s'amuser tout de même en mettant à profit l'existence de bassins d'irrigation au beau milieu de ces palmeraies familiales, s'adonnant à leur sport favori, le plongeon dans cette eau bénie en plein été saharien. Il y a même des familles natives de Ghardaïa et résidant dans les villes du nord du pays qui viennent profiter de ces moments en famille élargie et tout à leur «dépaysement» dans les palmeraies retrouvées. L'ambiance colorée et accentuée par la présence en force de bambins armés de bouées et de seaux pour s'initier à la nage dans ces bassins d'irrigation complète le panorama verdoyant des palmeraies. H'mida Souffi, en fin observateur des mœurs de sa ville natale, affirme que d'un autre côté, des familles nanties de Ghardaïa attendent les vacances estivales pour fuir la morosité du quotidien de la région et offrir à leurs enfants un voyage plus au Nord ou carrément à l'étranger. La destination la plus prisée par cette catégorie de citoyens reste les villes côtières, les régions de Djelfa et Aflou (régions des Hauts Plateaux au climat plus clément), la Tunisie et Tamanrasset, précise Hadj H'mida en soulignant que beaucoup de ces estivants préfèrent la location d'appartements aux hôtels. Selon leur niveau de vie, les familles s'organisent pour passer des vacances estivales et voyager, ce qui fait partie des mœurs des gens de la région du M'zab, contrairement à certaines idées reçues. «Certains d'entre eux optent pour de courts séjours proposés par des agences de voyages au nord ou dans un pays voisin et beaucoup refusent de renoncer aux vacances en dehors de leurs régions, d'autant plus que leurs enfants considèrent ces vacances comme méritées, après une dure année scolaire en milieu saharien», fait savoir un voyagiste. Les vacances «sont faites pour les riches, elles sont devenues un luxe par les temps qui courent», se lamente par contre un retraité qui souhaite bien effectuer une omra pendant le Ramadhan, en guise de vacances, comme le font de plus en plus de citoyens depuis que le mois sacré et la saison estivale se chevauchent. «Les vacances tendent à être intégrées au mode de vie de nombreux Ghardaouis et se démocratisent de plus en plus. Elles sont devenues une préoccupation majeure, notamment en période de fortes chaleurs», résume notre universitaire. Avec cette tendance lourde, chacun tente de passer des vacances à sa façon et selon ses moyens. En tout cas, une vérité s'impose : les familles ghardaouies apprennent peu à peu à sortir de leurs bases durant les différentes vacances scolaires et pendant la grande trêve de l'été, quitte à improviser.