Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Lancée en grande pompe en janvier 2008, après sa présentation lors d'un séminaire qui lui a été spécialement organisé en novembre 2007 à l'hôtel Aurassi, la carte magnétique Chifa ne semble pas trouver totalement ses marques. Même dans les cinq premières wilayas pilotes où elle a été officiellement opérationnelle, la carte de l'assuré social qui vient dématérialiser les actes médicaux et les remboursements, trouve encore des difficultés à s'y ancrer. L'opération a été élargie à d'autres wilayas, à l'instar de celle d'Alger. Dans la capitale, beaucoup d'assurés sociaux trouvent des difficultés à l'utiliser parce que les officines arguent de son entrée en vigueur pour l'ensemble des médicaments, ne s'en servant que pour ceux concernant les maladies chroniques. D'autres assurés peinent encore à se la faire délivrer alors que leurs dossiers ont été déposés il y a plusieurs mois. La plupart d'entre eux sont justement des malades chroniques détenant le fameux carnet du tiers payant qu'ils doivent renouveler à chaque expiration. Non sans être soumis à toutes les acrobaties bureaucratiques de certaines agences (renouvellement de la totalité du dossier, alors que ce n'est nullement une obligation, en ce sens que par exemple, un diabétique ne risque pas de se voir guérir un jour). Une situation qui met les malades devant l'expectative, car en attendant de se voir délivrer leur nouveau carnet, aucune officine (sauf exception) n'accepte de les approvisionner en médicaments pour les trois mois. Ce n'est pas tout. La généralisation de la carte a été annoncée pour le courant de l'année 2011 dès le début de sa distribution. Mais force est de constater que cela risque de prendre plus de temps tout comme, d'ailleurs, tous les autres projets lancés dans le cadre du programme quinquennal. Parmi les contraintes auxquelles les responsables de la sécurité sociale n'ont pas pris en compte (en plus de la finalisation du fichier national des assurés sociaux), figure le conventionnement des médecins, puisque l'assuré est censé ne plus débourser un sou lors des consultations dès lors qu'il présente sa carte magnétique à son médecin. Il se trouve que sur les 30 000 médecins exerçant à l'échelle nationale, seuls 300 ont adhéré à cette formule de conventionnement. Et pour cause, ils rejettent les tarifs de consultation proposés par la CNAS qui sont fixés à 250 DA pour une consultation chez le énéraliste et 480 DA pour le médecin spécialiste. Ce n'est pas la seule raison. Beaucoup de médecins craignent que, par le biais du conventionnement, les services des impôts ne s'intéressent de plus près à leurs comptes et donc procéder, le cas échant à des redressements fiscaux. D'autre part, le système lui-même suscite des interrogations en ce sens que plusieurs praticiens et autres pharmaciens posent la problématique de la fiabilité et de la sécurité de la carte, tant il est vrai, de l'aveu même des spécialistes en cartes magnétiques que le risque zéro n'existe pas. D'autres personnes, dont des parlementaires et des médecins s'interrogent sur le coût qui sera supporté par la CNAS à travers le financement de l'opération et du matériel qui est cédé gracieusement aux concernés. La Caisse ne risque-t-elle pas de faire faillite, au moment même où l'on parle de rationalisation des dépenses ? Car il faut savoir également que la caisse des travailleurs dispose d'argent dont personne ne sait comment il est géré, dès lors qu'aucun bilan n'a jamais été fait de la destination et autre gestion de cette enveloppe financière. Des parlementaires exigent tout bonnement la suppression, puisque la médecine est censée être gratuite. Ajoutez à tout cela le manque de transparence et surtout de communication de la part des principaux responsables en charge de la sécurité sociale qui se complaisent uniquement à avancer des chiffres dont la fiabilité est souvent remise en cause sur le terrain. Rappelons quand même que 4 023 997 cartes Chifa ont été confectionnées au premier semestre 2010 sur un nombre de 8 176 760 assurés sociaux concernés, selon Tayeb Louh lors d'une réunion avec les directeurs de wilayas du centre de la CNAS le mois dernier. Non sans prendre la précaution de préciser qu'elle sera finalement généralisée en 2012. Ce qui confirme le retard pris.