De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Il y a quelques jours, l'actualité oranaise a été secouée par l'arrestation d'un courtier en voitures qui avait étendu ses talents d'entremetteur à l'extrait de naissance S12. C'est ainsi qu'il avait proposé à une jeune femme désireuse d'obtenir le précieux document de lui épargner les laborieuses démarches administratives et la longue attente contre la modique somme de 3 000 DA. Ulcérée autant par la proposition malhonnête que par les atermoiements administratifs, l'administrée a décidé de demander audience auprès d'un des responsables de la mairie d'Oran pour lui en faire le reproche. Il lui fut suggéré de porter plainte auprès des services de police ; ce qui fut fait immédiatement et la jeune femme accepta de jouer l'appât dans le flagrant délit qui s'organisa aussitôt. Elle photocopia les trois billets de 1 000 DA et se rendit au rendez-vous qui fut fixé avec le «courtier S12». Dès que celui-ci eut empoché l'argent, les policiers en planque l'appréhendèrent. Selon la rumeur qui court dans les couloirs de la mairie d'Oran, des numéros de portable de nombreux employés de l'état civil et de la commune furent retrouvés dans le répertoire de son téléphone : «Alors que les administrés souffrent le martyre pour acquérir l'extrait de naissance, des dossiers sont en instance depuis deux mois, des personnes bien introduites l'obtiennent très vite, le plus souvent pour des sommes comprises entre 4 000 et 5 000DA», affirme une source de la commune qui assure que plusieurs courtiers exercent dans ce juteux filon du S12 : «Censée bannir les tracasseries administratives, la promulgation de ce document n'a fait que les attiser et amplifier les convoitises déjà très importantes dans le service de l'état civil.» Tout comme elle a généré une énorme pression sur l'état civil, dont les responsables communaux affirment depuis plusieurs jours qu'ils déménageront le service vers les locaux de l'Entreprise des manifestations économiques et commerciales (EMEC) pour améliorer les conditions d'accueil des administrés et accélérer le traitement des dossiers. Annonce qui laisse dubitatifs certains travailleurs de la mairie : «L'état civil ne déménagera jamais, affirment-ils, parce que le siège qu'il occupe aujourd'hui se trouve au centre-ville. D'ailleurs, des tentatives pour le délocaliser ont échoué par le passé, et ce n'est pas aujourd'hui que les affaires sont plus juteuses que cela changera.» Il est vrai que la mairie d'Oran a été secouée par de nombreux scandales financiers, dont des affaires de corruption liées à la délivrance de l'extrait de naissance avant même l'apparition de labiométrie. Avec ce nouveau procédé, il semble, en effet, que les affaires marchent bien pour les courtiers du S12.