Alors que de sombres nuages planent au-dessus de la finance mondiale, les systèmes financiers des pays en développement restent pour le moment loin de ces risques. Ils sont hors de danger peut-être pour une non-intégration ou une faible intégration à ces systèmes qui envoient régulièrement des signaux rouges. En Algérie, la privatisation de la plus grande banque algérienne (CPA) est l'exemple édifiant du danger de la situation mondiale mais aussi de la prudence observée par les pouvoirs publics. Ces derniers n'avaient pas cessé de déclarer que cette banque ne peut être privatisée dans une telle situation. Une preuve tangible de la prudence des pouvoirs publics mais aussi de la menace de plus en plus grandissante de la crise financière. L'Algérie reste ainsi à l'abri de cette crise, et tant mieux, mais qu'en est-il de l'état des lieux au niveau interne. Que peut-on dire de la situation des banques et du système financier ? Pour bien cerner la problématique, il convient de rappeler la situation du paysage bancaire algérien. Ainsi, le secteur bancaire algérien se compose de 26 institutions, dont six banques publiques, treize banques privées, six établissements financiers et une banque de développement en cours de restructuration. Le total des guichets s'établit à 1 338, y compris les guichets de la Banque d'Algérie, soit un guichet pour 25 700 habitants contre 26 200 en 2006 et 26 800 en 2005. L'amélioration constatée de la bancarisation sous l'angle de développement du réseau est confirmée par le ratio population active/guichets bancaires qui est de 7 850 personnes en âge de travailler par guichet en 2007 contre 8 030 en 2006. En dépit de ce progrès enregistré après de longues années de labeur, le gouverneur de la Banque d'Algérie estime que «beaucoup reste à faire pour parachever la modernisation et le développement du système financier algérien en général et du système bancaire en particulier». Afin d'y remédier, les banques, en effet, se préparent activement à appliquer les nouvelles normes comptables internationales pour lesquelles le cadre légal est promulgué et la mise en place de ces normes étant un préalable incontournable pour le passage aux normes de Bâle II. Parallèlement, d'autres chantiers sont en cours en vue d'améliorer le cadre d'exercice de l'activité d'intermédiation financière et de préserver la solidité et la stabilité du système financier et son intégrité. Même si le constat, globalement, est positif, il convient de noter que la participation des banques dans le développement demeure faible. Un constat qu'ont dressé récemment nombre de spécialistes qui s'accordent à dire que les banques doivent être la locomotive de l'économie et financer les différents projets. Sur ce point, la loi de finances complémentaire est venue apporter du nouveau. 40 milliards de dinars seront consacrés par les pouvoirs publics à la recapitalisation des banques publiques. Cette décision sera certainement un coup d'accélérateur pour permettre aux banques de jouer un rôle plus actif dans le financement de l'économie. D'ailleurs, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, juste après sa désignation à la tête de l'Exécutif, a réuni les responsables des banques publiques pour examiner les voies et moyens d'accélérer l'octroi de crédits bancaires aux jeunes promoteurs. Ce qui renseigne sur l'importance que le gouvernement veut accorder à ce dossier, mis à l'index à maintes reprises par les investisseurs. Dans ce sillage, plusieurs autres actions ont été entreprises pour améliorer l'environnement de distribution de crédits et plus particulièrement de crédits d'investissement aux petites et moyennes entreprises. Des caisses de garantie de crédit ont été créées pour couvrir les crédits d'investissement aux PME-PMI et les crédits hypothécaires. Afin de diversifier le champ de l'activité bancaire, une loi portant sur le capital investissement a défini les conditions d'exercice des sociétés de capital investissement ainsi que les modalités de création de ces sociétés et de leur fonctionnement. Il faut dire, enfin, que la réforme bancaire a franchi un pas important. Un nouveau virage a été opéré à travers la dernière décision du gouvernement. Cependant, d'autres défis attendent les banquiers. Selon les professionnels, les banques doivent améliorer leur gouvernance, notamment en ce qui concerne l'éthique et la sécurité bancaire, valoriser les ressources humaines, moderniser les paiements, élargir la sphère des paiements électroniques et améliorer la qualité de service.