Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia L'Algérie semble garder sa place de destination prisée par les opérateurs économiques étrangers, comme en témoignent les statistiques du Centre national du registre du commerce (CNRC) sur les créations d'entreprises. En effet, les opérateurs étrangers continuent à s'intéresser aux affaires en Algérie en dépit de la réticence affichée à l'égard de la loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009) par certains milieux étrangers qui ont qualifié ces mesures de «contraignantes et restrictives». Selon les statistiques du CNRC établies au 1er semestre 2010, le nombre de commerçants étrangers est passé de 7 568 à fin 2009 à 7 972 au 30 juin de l'année en cours. Ce chiffre est constitué de 1 805 personnes physiques et de 6 167 personnes morales, soit une hausse de 5,33%. Les opérateurs économiques étrangers (personnes physiques) sont de plus d'une trentaine nationalités, mais les deux tiers sont originaires de pays maghrébins comme la Tunisie et le Maroc. En effet, ces deux pays voisins ont largement détrôné tout le continent européen et les Etats-Unis en termes de nombre de commerçants inscrits à cette structure publique. Le CNRC indique à ce propos que «la majeure partie des commerçants étrangers inscrits au registre du commerce en Algérie sont de nationalité tunisienne (578, soit 32%) et marocaine (447, soit 25%) suivie respectivement de la Syrie (285), de l'Egypte (119), de la Chine (112), de la Palestine (101) et de la France (34). Pour les personnes morales, la nationalité des gérants de sociétés les plus nombreuses est française (1 224, soit 19,85% du total), syrienne (756, soit 12,26%), chinoise (629, soit 10, 2%)». Le BTPH et l'import-export en pole position Concernant la répartition des sociétés étrangères sur les secteurs d'activité, les chiffres du CNRC relèvent que ces opérateurs économiques optent généralement pour les trois secteurs de la production industrielle et le BTPH, les services et l'import-export. L'autre paramètre étudié dans le bilan du CNRC est la répartition par secteur d'activité. En effet, 47% du total des commerçants (catégorie des personnes physiques) sont inscrits dans les secteurs du commerce de détail et des services, 34% dans la production industrielle, 14,5% dans le BTPH, 4% pour le commerce de gros et, enfin, 0,5% en production artisanale. Pour ce qui est des personnes morales, 31% sont inscrites dans les services, 30,2% du total inscrites dans la production industrielle et le BTPH, 21,5% dans le secteur de l'import-export, 10% dans le commerce de gros, 6,2% dans le commerce de détail et, enfin, 1,1% en production artisanale. Il est utile de rappeler à ce propos que la quasi-totalité des secteurs d'activité ont enregistré une hausse, parfois considérable, en termes de nombre de commerçants. Echantillon : la production industrielle et artisanale et le BTPH connaissent une hausse de 4,11% (+ 9 693 commerçants). Le secteur des services enregistre plus de 28 438 commerçants (+6,08). Le commerce de détail et le commerce de gros ont connu respectivement une hausse de 3,22% (+19 706) et 4,33% (2 789). Enfin, le secteur de l'import-export connaît une hausse de 5,82%, soit plus de 1 825 commerçants par rapport à la même période de l'exercice écoulé. Par ailleurs, le nombre des commerçants étrangers est passé de 7 568 à fin 2009 à 7 972 au 30 juin 2010. Le CNRC indique que, pour la même période de référence, 169 429 inscriptions au registre du commerce entre immatriculations, modifications, radiations et ré-immatriculations, ont été enregistrées. Soit en hausse de 5,28% par rapport à la même période de référence de l'exercice 2009. Ce nombre global est également constitué de 93 305 immatriculations ou créations de nouvelles entreprises, dont 86 503 personnes physiques et 6 802 personnes morales ou sociétés. Pour ce qui est des radiations, le CNRC précise que 39 831 cas ont été enregistrés, dont 92,93% concernant les personnes physiques et 7,17% les personnes morales. Enfin, 36 287 modifications pour diverses raisons ont été opérées essentiellement pour les personnes physiques (81% du total). Par implantation géographique, la wilaya d'Alger est, comme il fallait s'y attendre, en pole position du nombre d'inscrits. En effet, la capitale représente 16,9% du nombre global des inscrits, suivie respectivement de Sétif (4,05%), de Tizi Ouzou (3,97%), de Béjaïa (3,62%) et, enfin, d'Oran (3,51%). Le même document précise que le nombre total des commerçants a atteint, à fin juillet 2010, 1 405 600, dont 1 281 382 personnes physiques représentant ainsi 91% et 124 218 personnes morales, ce qui représente 9% du total. «Globalement et par rapport à la fin 2009, il y a eu une augmentation du nombre de commerçants inscrits de 54 423 (+4%), soit un taux appréciable en termes de création d'entreprises», peut-on lire plus loin. La même source a également indiqué que la wilaya d'Alger demeure la plus importante eu égard à son tissu économique constitué de 140 379 opérateurs économiques (personnes physiques) représentant ainsi 10,95% du total et de 39 185 personnes morales (31,54%). La wilaya d'Alger est suivie de Sétif (63 637 commerçants) et d'Oran avec 60 805 commerçants. La quatrième place revient à Tizi Ouzou avec 56 902 commerçants. Près de 50% des commerçants n'ont pas déposé leurs comptes sociaux Si le CNRC n'a pas encore rendu publiques les très attendues statistiques relatives au dépôt des compte sociaux, dont la date butoir a été fixée au 31 juillet dernier, le ministre du Commerce a indiqué récemment qu'une augmentation du taux des dépôts comparativement aux quatre dernières années, depuis l'entrée en vigueur de l'obligation d'effectuer cette procédure, a été enregistrée. Pour Mustapha Benbada, le taux des opérateurs qui ont déposé leurs comptes sociaux dans les délais (31 juillet de chaque année) est passé de 15% en 2007 à 50% en 2010, alors que l'exercice 2009 s'est établi à 47% contre 40% en 2008. Toutefois, même avec cette «avancée», le nombre des opérateurs qui restent fictifs est égal à la moitié de la totalité des sociétés qui existent sur la carte commerciale que compte le CNRC. Pour remédier à ce gonflement statistique des opérateurs en délicatesse avec la réglementation en vigueur, l'administration va prendre des mesures destinées à mettre fin à la validité du registre du commerce dès l'expiration du contrat de location.