Photo : Riad Par Samir Azzoug Le gouvernement instaure une nouvelle taxe sur les véhicules lourds et les engins de travaux importés. Révélé dans la nouvelle loi de finances complémentaire (LFC 2010), cette taxe, selon le communiqué de presse, a été pensée pour «encourager la production nationale». Le détail de cette nouvelle imposition n'étant toujours pas connu, il reste que la décision semble être taillée sur mesure pour baliser le terrain à la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) afin de lui permettre de prendre pied dans le marché local. Il faut dire que la SNVI est portée à bout de bras par les pouvoirs publics. La LFC 2009, déjà, lui réservait plusieurs avantages. Or, cette année, la grosse attente des dirigeants de la société concerne plutôt l'assainissement de sa dette qui avoisine les 62 milliards de dinars. Une question qui sera tranchée au niveau du Conseil de participations de l'Etat (CPE). Le P-DG de la société, Mokhtar Chahboub, soutenait en avril dernier que le dossier était «sur la bonne voie». Un optimisme qui n'est pas feint au regard des différents avantages déjà concédés par l'Etat à la société, notamment dans la LFC 2009, comme les mesures d'assainissement concernant la restructuration de la dette ou la constitution d'un fonds de roulement. Sans oublier le nouveau procédé salutaire qui consiste en cet élan de «favoritisme positif» qui fait que les institutions de l'Etat et ses administrations recourent prioritairement aux services de la SNVI en cas de nécessité d'acquisition de poids lourds, d'engins ou de véhicules de transport. Ainsi y va-t-il des 1 540 bus et camions commandés par les communes via le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales pour 48 milliards de dinars, des bus pour le transport des étudiants ou pour renflouer la flotte de l'Etusa. Des opérations qui ont permis à la SNVI d'optimiser ses résultats avec une croissance de 18% du chiffre d'affaires en 2009, selon son P-DG. Et la marge reste encore importante puisque la société ne tourne qu'à 50% de ses capacités de production, soit 5 500 engins par an sur les 10 000 possibles. L'instauration de la nouvelle taxe sur les véhicules lourds et engins importés va donc dans le sens de l'encouragement pour cette société qui vise dans les prochaines années à se lancer carrément dans la production de véhicules de tourisme. Si certains assimilent cette imposition à celle instaurée par la LFC 2008 pour les véhicules neufs, un monde sépare les deux décisions en termes d'objectifs assignés et de justifications annoncées. Si la taxe sur les véhicules lourds et engins importés a une vocation de protectionnisme et d'encouragement de la production nationale, la seconde avait pour but essentiel de limiter le parc automobile algérien et de réduire la facture d'importation. Rapelons qu'en 2008, l'Etat décide d'instaurer la taxe de transaction sur les véhicules neufs. Son tarif variant de 50 000 à 150 000 DA en fonction de la motorisation et du carburant utilisé.