Quatre mois après avoir adopté le programme quinquennal 2010-2014 doté d'une enveloppe financière de 286 milliards de dollars, le Conseil des ministres a approuvé la semaine dernière la loi de finances complémentaire 2010, fortement attendue par le monde économique et qui a fait couler beaucoup d'encre. Lors de cette réunion, le chef de l'Etat a formulé une série d'orientations devant les membres de l'équipe gouvernementale. Des orientations qui ne sont pas nouvelles par rapport à celles émises ces dernières années, particulièrement depuis les crises financière et économique, mais plus accentuées. Bouteflika a en effet insisté sur certains aspects dont la rationalisation des dépenses publiques qui ont atteint, pour reprendre ses propres termes, des «seuils insoutenables». En effet, en mobilisant 608 milliards de dinars de crédits additionnels pour le budget de fonctionnement, les dépenses budgétaires pour l'exercice 2010 ont atteint 6 468 milliards DA, dont 3 446 milliards DA pour le budget de fonctionnement et 3 022 milliards DA pour le budget d'équipement. Ce qui va se solder cette année par un déficit de 3 615 milliards DA en augmentation de 906 milliards DA par rapport à l'année dernière. Aussi, la baisse des recettes de la fiscalité pétrolière à hauteur de 344 milliards DA n'arrange pas les choses. D'où cette tension sur le budget de l'Etat. Heureusement que le Fonds de régulation des recettes, doté d'une enveloppe de plus de 4 200 milliards de dinars institué, pour rappel, en 2001 à l'époque de Mourad Benachenhou, est là pour permettre à l'Etat de gérer ces dépenses superflues. On se souvient d'ailleurs qu'après le déclenchement de la crise financière, de nombreux spécialistes et responsables ont relevé l'importance de ce fonds. Ainsi, comme l'a souligné le chef de l'Etat, le niveau très important des dépenses publiques demeure encore gérable grâce aux ressources dudit fonds. Cette roue de secours est donc d'une grande importance pour l'Algérie qui peut recourir à cet instrument au moment où de nombreux pays, notamment en Europe (après la crise grecque), cherchent à appliquer des mesures d'austérité et de restriction des dépenses faute de ressources financières. Cette situation de tension budgétaire est engendrée à titre indicatif par les besoins de développement économique, social et humain. En fait, de nombreux projets sont à construire et d'autres sont à consolider. Il reste donc à espérer que ces dépenses aillent là où les besoins sont les plus importants. Il n'y a pas lieu de se contenter de réaliser des infrastructures, mais de créer des richesses. C'est là le défi à relever par l'équipe d'Ouyahia. Les mesures incitatives à l'investissement local sont là, la préférence nationale est prioritaire et les mesures de lutte contre la corruption et la fraude commerciale sont renforcées. Mais le plus gros reste à faire, à savoir l'application de ces dispositions et de ces orientations sur le terrain à travers la limitation des dépenses superflues. Des dépenses devenues récurrentes ces dernières années. D'où, d'ailleurs, les surcoûts ayant caractérisé les projets contenus dans les anciens programmes. Des fautes qui sont à éviter d'autant plus que le chef de l'Etat a déjà averti : «Le budget de fonctionnement qui aura à faire face l'année prochaine à une dépense encore lourde ne devra connaître aucune autre augmentation.» Le budget de 2011, c'est dans quatre mois seulement. S. I.