Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun Les Algériens, notamment les amoureux de la balle ronde, vont suivre, à partir de ce mois de septembre, l'actualité footballistique de très près. En plus de l'équipe nationale, qui a entamé hier soir sa nouvelle aventure africaine, le football algérien va entrer, à partir de ce mois de septembre, dans l'ère de la professionnalisation. Même s'il est clair que les résultats d'un tel changement ne seront pas visibles de sitôt, les supporters des différents clubs, qui se sont transformés en entreprises, seront à l'écoute du moindre détail qui les renseignerait sur la trajectoire que va prendre le championnat national. Il faut dire que, depuis quelques semaines, plus précisément depuis la fin de la Coupe du monde, mais surtout du match amical disputé le 11 août dernier, face au Gabon, le public algérien affiche un certain scepticisme à l'égard de l'évolution de la sélection nationale. Un scepticisme qu'il a exprimé d'ailleurs lors de cette rencontre. Donc, les supporters voudront certainement, à travers le lancement de ce premier championnat professionnel, voir si c'est une réelle «refonte» de la chose footballistique qui est lancée ou si ce sont juste des changements «superflus» sans lendemain. Déjà, la manière dont certains présidents de club ont procédé à la transformation des entités sportives dont ils ont la charge en entreprises suscite des interrogations. Il est vrai que, devant les exigences de la FIFA sur ce plan, les responsables de la Fédération algérienne de football (FAF) étaient obligés de faire accélérer les choses. Les clubs étaient forcés de s'engager dans ce processus. Mais cela ne devait en aucune manière se faire sans les supporters qui sont, en plus des dirigeants, les «propriétaires» de ces équipes. Les dirigeants ne sont que des élus d'une assemblée générale. Si, au niveau de certains clubs, des dirigeants ont pris le soin de mettre des actions sur le marché afin que des supporters puissent entrer dans le capital de leur club, ne serait-ce qu'à titre symbolique, d'autres par contre ont fermé le jeu. Ils ont élaboré des sociétés avec des actionnaires bien déterminés sans autre ouverture de capital. De ce point de vue-là, le club appartiendra-t-il toujours aux supporters ? Il faut dire que jusque-là, il n'y a pas eu une communication franche entre les dirigeants et les supporters autour de cette question. Les supporters des différentes équipes qui se sont transformées en entreprises ne sont pas, dans la majorité des cas, au courant des changements qui peuvent survenir, dans un avenir proche, si jamais ce processus aboutit vers une réelle professionnalisation. Sous d'autres cieux, la moindre utilisation du logo d'un club sans l'autorisation de ses «propriétaires» mènerait vers un procès. Un supporter d'un quartier populaire de Bab El Oued, par exemple, n'aura plus le droit d'appeler son café «le Café du Doyen». Il devra, pour ce, négocier avec les propriétaires du MCA qui, bien sûr, seront soucieux de défendre leurs intérêts au vu des investissements qu'ils ont consentis. Bien évidemment, cela n'est pas une plaidoirie anti-professionnalisation du championnat national. Bien au contraire. C'est un chemin incontournable que l'Algérie devra impérativement emprunter. Mais les supporters devaient être associés à cette démarche. De tout temps, le débat autour du droit du public à avoir un mot à donner dans la gestion des clubs qu'il supporte ou de l'équipe nationale était omniprésent. En Espagne, la parade a été trouvée. Un club comme le FC Barcelone a ses «socios». Ces derniers sont les supporters qui sont représentés au sein du conseil d'administration du club. Pour «rentrer» dans le capital, ils n'ont qu'à s'acquitter d'un abonnement annuel du stade. Arrivera-t-on à faire la même chose en Algérie ? En tout cas, le football national ne pourra évoluer sans son public. Ce dernier a démontré à maintes reprises qu'il répond présent dans les moments les plus difficile. Ce fut le cas notamment lors du match barrage pour le Mondial face à l'Egypte, qui s'est joué le 18 novembre de l'année dernière, au Soudan. Ces supporters ne devraient pas être laissés en marge de ce processus. Avant tout, le football ne peut survivre sans les supporters. En dernier lieu, il est utile de dire que, maintenant que le championnat professionnel va démarrer très bientôt, le public va suivre de très près l'évolution de nos clubs. Au-delà des résultats, notamment sur le plan international, il est question de voir si nos clubs vont réellement se lancer dans la formation. Même si cette saison s'assimile beaucoup plus à une période de transition, au bout de quelques mois, les supporters auront une idée de la trajectoire que prendra notre football.