Des familles entières à travers le pays continuent de négliger leur environnement, lui portant atteinte par des gestes pourtant très faciles à éviter, ignorant ou feignant d'ignorer les conséquences de leurs comportements non civiques. Des conséquences assez dangereuses sur leur santé, leur qualité de vie… et tout leur quotidien. Dépenses inutiles Les maladies à transmission hydrique (MTH) en font partie, particulièrement la typhoïde qui, malgré une nette diminution enregistrée ces dernières années -de 2 411 cas en 2002 (8,33 cas pour 100 000 habitants) à 563 cas en 2007 (1,65 cas pour 100 000 habitants), fait encore des victimes. En 2000, il y avait 2 639 cas ; en 1999, il y en avait 2 738 ; en 1998, 3 017 ; en 2004, 1 090 ; en 2005, 1 439 ; en 2006, 957. Pour cette année (jusqu'au 09/08/2008), 226 cas de fièvre typhoïde ont été confirmés sur un total de 295 cas d'hospitalisation. L'autre maladie à transmission hydrique, le choléra, a fait 633 cas en 1985, 555 en 1989 et 6 en 1993. Ces dernières années, d'autres cas de choléra ont été rapportés par des quotidiens nationaux mais ces informations ont été vite infirmées par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière par le biais de son directeur de la prévention, M. Mohammed Ouahdi, qui a plusieurs fois affirmé que «l'Algérie n'a enregistré aucun cas de choléra depuis 1996». Pour ce qui est de la fièvre typhoïde qui reste donc la maladie à transmission hydrique la plus inquiétante, le représentant du ministère de la Santé assure qu'elle est assez bien prise en charge par les services sanitaires mais que cela coûte assez cher pour les caisses de l'Etat (120 000 DA la prise en charge d'un seul cas de typhoïde). Multiplions ces 120 000 DA par les 400 cas déclarés à Djelfa en 2006… et autres, ajoutés aux dépenses de la Sécurité sociale pour cause d'absentéisme au travail (21 jours d'hospitalisation à l'hôpital)… et faisons le calcul de toutes les dépenses entraînées par cette maladie. D'importantes sommes d'argent qui pourraient bien être utilisées ailleurs, dans des projets structurants comme le raccordement des foyers aux réseaux d'alimentation en eau potable (AEP) et ceux d'assainissement, la protection des puits, des forages et autres ressources hydriques, l'analyse bactériologique des eaux… et, bien évidemment, le ramassage des ordures ménagères. Des campagnes d'information et de sensibilisation sur les MTH sont organisées, chaque année, dans différentes wilayas du pays, par les autorités locales, soutenues dans leur action par le Comité national opérationnel de lutte contre les MTH du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Des campagnes sporadiques, limitées dans le temps, sans grand impact sur les mauvaises habitudes des citoyens mais aussi des représentants des pouvoirs publics qui, au lieu d'agir en amont, ne réagissent qu'après coup. Et encore ! Tout fiers d'avoir «sauvé des vies humaines». Terrain favorable Conjuguées au laisser-aller et à l'indifférence totale des citoyens qui se cachent derrière le mot «fatalité», les maladies à transmission hydrique et toutes celles qui sont liées à la dégradation de l'environnement trouvent un terrain propice à leur développement. Les conditions précaires de vie, l'urbanisation anarchique, la bidonvilisation de plus en plus tolérée des villes, l'analphabétisme… mais aussi l'insouciance et la course vers le gain facile aggravent la situation. Faut-il rappeler à ce propos que les derniers cas de typhoïde à Djelfa (13 personnes hospitalisées) étaient le fait de vendeurs d'eau qui ont ouvert des puits et des forages interdits d'utilisation ? Ils savaient que l'eau provenant de ces puits et forages était dangereuse mais ils l'avaient proposée à la vente. Et des gens l'ont achetée et consommée, oubliant l'épidémie de 2006 dans la même wilaya. Qui en paie les conséquences après le consommateur ? C'est bien les services de santé qui doivent mobiliser tous leurs moyens pour prévenir le pire. La justice, qui a un rôle très important à jouer dans ce domaine, ne fait pas grand-chose pour punir les contrevenants, pour ne pas dire carrément «les criminels». Rares sont les cas où l'on entend parler de condamnation pour ce genre de problème. K. M.